Beaucoup d’opérateurs économiques procèderaient actuellement à des achats de vanilles sans pour autant avoir la certitude de se voir agréer une autorisation d’exportation.
«Si on devait donner des agréments à tous ceux qui veulent opérer dans l’exportation, on signerait l’arrêt de mort de la vanille malgache sur le marché mondial». Propos d’Edgard Razafindravahy, ministre de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation qui sous-entendent que «n’est pas opérateur de vanille qui veut». Propos lancés lors d’un point de presse organisé dans les locaux du ministère de tutelle le 11 août dernier et qui entendraient interpeller sur le fait que l’introduction des «néophytes» dans la filière constituerait un risque quant à la préservation du label malgache. « Les acteurs qui ont déjà œuvré depuis une vingtaine, voire trentaine d’années dans l’export dans la vanille arrive à préserver la qualité qui fait la renommée de la vanille du pays» précise le ministre. L’étude des dossiers de demande d’autorisation d’exportation devrait prendre un certain temps si l’on s’en tient à Edgard Razafindravahy. Le ministère s’attèlerait à soutenir les opérateurs ayant déposé de nouvelles demandes de façon à leur faciliter le processus.

Achats risqués
La campagne d’exportation de la vanille devrait débuter dans trois mois. Face à la situation, des producteurs de la région SAVA réclament «à ce que le processus soit ouvert à tous les acteurs». Ils demandent également à ce que «le délai d’octroi de l’autorisation d’exportation soit rallongé afin de permettre aux opérateurs de mieux se préparer à faire face à la campagne». Selon ces acteurs «beaucoup d’opérateurs achètent actuellement de la vanille sans avoir la certitude de se voir attribué l’autorisation d’exporter leurs produits». «Ce qu’on semble oublier, c’est que l’agrément permet à un opérateur de fournir un engagement, une garantie pour pouvoir contracter au niveau international» déplore Rôrô (nom d’emprunt), producteur venant du district d’Antalaha. La situation actuelle exposerait les opérateurs à d’importants risques.  «Si j’ai de l’argent et qu’on me force à acheter de la vanille alors que je ne connais même pas si je trouverai un importateur, je ne le ferai jamais», rétorque Rôrô.

Situation en chiffre
Les données communiquées par le ministère de tutelle font état de «224 dossiers de demande d’agrément reçus pour l’année 2022. Les 90 correspondent à des demandes de renouvellement d’autorisation d’exportation». Le ministère comptabiliserait actuellement 134 nouvelles demandes d’agrément. Se voulant rassurant, Edgard Razafindravahy avance «du moment que les exportateurs remplissent les conditions prescrites par la loi, ils auront l’autorisation d’exporter, peu importe qui ils sont». Avant de préciser que «l’octroi de l’agrément se fait en respectant les lois et règlements en vigueur à Madagascar». Par ailleurs, des demandes se verront refuser rajoute le ministre de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation. Ce dernier de conclure «la campagne d’exportation devrait commencer dans trois mois. On verra si ces personnes qui demandent un agrément d’exportation ont vraiment de la vanille à exporter. Comment peuvent-ils exporter s’ils n’ont même pas de produits ?».

Lumen