La baisse du taux de réussite aux examens du baccalauréat dans la capitale a fait réagir l’opinion publique. Pour beaucoup, c’est une conséquence logique de l’écroulement du système éducatif du pays. De son côté, Randriamananjara Farah Andriatsiferana, secrétaire général auprès du Mouvement National pour l’Education Pour Tous (MONEPT) avance que «la chute effrénée des résultats scolaires résulte de la mauvaise qualité de l’enseignement». Une situation qui serait la résultante du «sous financement du secteur de l’éducation» si l’on s’en tient aux dires de Randriamananajara Farah Andriatsiferana. La lecture de la loi des finances rectificatives 2022 fait comprendre la porté de la situation. En effet, le budget alloué à l’éducation nationale ( ministère de  l’éducation nationale, l’enseignement technique et de la formation professionnelle ainsi que celui de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique) ne représente pas les 20 % du PIB du pays. Les dépenses allouées au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique par exemple, ne constituent que 3 % du budget de l’État en général. Le défi serait actuellement d’augmenter la part du budget du secteur de l’éducation de sorte à atteindre ces 20 % du PIB. «Comme le PIB est faible dans la Grande Île, les 20 % resteront toujours insuffisants» déplore quant à lui Michel Andriamihajanirina, responsable de Communication auprès du MONEPT.

Une lenteur administrative problématique

La mise en place d’un fonds commun du secteur de l’éducation en 2020 constitue une des initiatives tendant à renforcer le financement en faveur du secteur de l’éducation et à garantir «des résultats accélérés et faire face aux nombreux défis du secteur de l’éducation». Ce dispositif financé au départ par l’Agence Française de Développement (AFD) et  le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) à Madagascar devrait permettre d’accompagner et de renforcer les compétences du Ministère de l’Education Nationale et de l’enseignement technique et professionnel. Bien que nécessaire à l’éducation national, ce fonds bénéficierait difficilement au secteur. «Le fonds est renfloué par beaucoup de bailleurs mais à cause du faible taux d’engagement des ministères de tutelles, des financements octroyés au secteur n’ont pas été débloqués» déplore le secrétaire général auprès du MONEPT. Cette dernière de rappeler qu’une partie de ce fonds a été utilisé pour des actions de réponses à la pandémie de covid-19 et durant le passage des cyclones qui ont frappé le pays durant la récente saison. «On a tous remarqué que le déblocage des fonds s’est fait facilement et rapidement parce qu’il y eu état d’urgence» rajoute Randriamananjara Farah Andriatsiferana. Avant d’interpeller «si l’on a du mal à décaisser les fonds alloués au secteur en dehors de l’état d’urgence, c’est que l’éducation n’est pas une priorité absolue». Il conviendrait de noter que la lenteur administrative est la principale raison avancée pour expliquer ce non-décaissement des fonds. Si pour l’année 2021, le taux de décaissement n’a pas dépassé les 60 % pour le ministère de l’éducation nationale. En plus d’être sous financé, le secteur de l’éducation peine également à bien utilisé le peu de ressource qui lui est attribué. 

 

Lumen