Les manifestations de refus des communautés locales face à la mise en œuvre d’un projet seraient les résultantes de l’inexistence de vision claire, inclusive et durable dans la gestion du pays.

«L’évaluation environnementale, sociale et stratégique est écrit noir sur blanc dans la charte de l’environnement. Elle n’est toutefois pas contraignante comme l’étude d’impact environnemental et social». Propos de Razafimanarina Ndranto, président du conseil d’Administration auprès de l’Alliance Voahary Gasy qui dénotent une faille dans la pratique actuelle de conception et de réalisation des projets. Une lacune qui constituerait selon lui l’une des problématiques environnementales majeures à Madagascar. L’étude d’impact environnemental et social à elle seule serait, ainsi, insuffisante pour mettre en œuvre les projets d’investissement. Et ce, même celle-ci consiste à «chercher les moyens d’adapter un projet à la vie des communautés locales en respectant au mieux l’environnement». Razafimanarina Ndranto de prendre l’exemple des manifestations locales initiées pour désapprouver la mise en œuvre d’un projet promu aussi bien par les investisseurs étrangers que l’État. «Les populations locales manifestent leur mécontentement et désapprouvent souvent les projets parce que leurs avis et recommandations n’ont pas été pris en compte. Elles le font durant l’étude d’impact environnemental» nous confie le président du conseil d’administration de l’Alliance Voahary Gasy. L’entretien avec Razafimanarina Ndranto a également permis de savoir que l’étude en question est «lancée une fois l’accord conclu entre le promoteur et l’État».

Un préalable au développement

Selon Razafimanarina Ndranto, le chainon manquant de l’intégration des considérations environnementales et sociales dans la conception et la réalisation des projets correspond à l’application de l’évaluation environnementale, sociale et stratégique. «Une pratique à effectuer avant tous projets de développement et en fonction des régions, des filières ou encore des secteurs ministériels» précise notre interlocuteur. Ce, dans la mesure où l’évaluation devrait «permettre de faire l’inventaire des éventuelles richesses d’une région donnée et de consulter le public sur les éventuels projets d’exploitation ou de développement à initier dans la région». À en croire le PCA de l’Alliance Voahary Gasy, l’évaluation environnementale, sociale et stratégique permet d’éviter les heurts entre communautés locales et les autorités. Notre source va même jusqu’à suggérer de choisir trois régions pilotes pour initier cette pratique. Profitant de l’occasion, il anticipe  sur le souci financier que l’État pourrait soulever comme blocage. «Ce que pourrait faire l’État c’est de contraindre tous les acteurs qui souhaitent investir à Madagascar à participer dans une quote-part servant à financer ladite évaluation». La mise en place de ces évaluations économique, sociale et stratégique dans les régions renvoie à la notion de vision claire, concertée et durable de la gestion des ressources pour le pays. Ce qui est encore loin du compte.


Lumen