Voté à main levée durant le dernier jour de la session ordinaire du Conseil municipal mardi 13 septembre 2022, le budget 2023 a connu une hausse d’environ 12 % par comparaison à celui de 2022.

«La volonté de la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) de résoudre les problèmes sociaux de sa population devrait transparaitre dans le budget communal 2023. Ce, dans la mesure où le pays, dont la ville des miles, se relève peu à peu des crises liées à la pandémie de la Covid-19». Ce sont là les propos de Patrick Randriamisata, technicien en matière d’analyse budgétaire auprès de l’organisation de la société civile Msis-Tatao en réaction à la validation par le conseil municipal du budget 2023 de la Commune Urbaine d’Antananarivo. «On connaît tous que les Malgaches viennent de vivre des crises liées à la pandémie de Covid-19. Il y a l’insécurité qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Les éclairages publics ne sont pas suffisants malgré les efforts initiés, les problématiques du chômage et du faible pouvoir d’achat de la population tananarivienne…tout cela devrait être pris en compte dans la conception du budget» interpelle Patrick Randriamisata de Msis-Tatao.

Fonctionner pour fonctionner

Force est cependant de constater qu’à l’instar des organismes publics du pays, la commune oriente plus ses dépenses vers «les affaires courantes». «La majeure partie du budget présenté durant la session ordinaire du conseil municipal est dédié au fonctionnement», déplore Hilda Hasinjo Ravelonahina, conseillère municipale auprès de ladite commune. Propos confirmés par Patrick Randriamisata de Msis-Tatao qui avance que «près de 70 % du budget 2023 sont affectés à l’administration et à la coordination». Les 30 % restants du budget 2023 de la CUA seraient donc consacrés aux programmes d’infrastructures et de développement économiques et sociaux. «Ce qui est loin de privilégier le secteur social» souligne la conseillère municipale Hilda Hasinjo Ravelonahina. Selon toujours cette dernière, «les interventions sociales de la CUA sont moindres» pour l’année à venir. «Les investissements dans le secteur médical ne sont que de 150 millions d’Ariary. Ce qui est peu compte tenu des milliards d’Ariary que la CUA entend dépenser» renchérit la conseillère municipale. Avant de prendre également le cas du secteur éducation dans lequel les investissements prévus seraient «plus axés dans la réhabilitation que dans l’investissement structurel».
Patrick Randriamisata, quant à lui, se veut optimiste dans la mesure où la CUA projette de transférer près de 19 milliards d’Ariary à la Société Municipale d’Assainissement. «On peut espérer que grâce à l’affectation de ces ressources, les questions relatives à l’assainissement, telle la collecte des ordures, vont s’améliorer. Ce qui devrait impacter de façon positive sur le quotidien des Tananariviens et Tananariviennes» nous a-t-il confié.

Quid de la participation citoyenne ?

L’entretien avec Patrick Randriamisata de Msis-tatao a également été l’opportunité pour celui-ci d’interpeller les responsables auprès de la Commune urbaine d’Antananarivo sur l’importance de s’ouvrir aux autres entités dans le processus d’élaboration de son budget. «Je voudrai attirer l’attention des responsables auprès de la Commune urbaine d’Antananarivo sur la nécessité de consulter toutes les forces vives, en particulier les organisations de la société civile, existantes durant l’élaboration du budget. Ce, dans l’objectif de bien cerner les réalités et besoins de la population», a-t-il lancé. Pour ce technicien, plus la Commune urbaine d’Antananarivo va s’ouvrir et prendre en considération les autres acteurs, plus il lui sera plus aisé de définir un budget en phase avec les priorités et besoins des citoyens. Patrick Randriamisata de conclure «les acteurs sont là pour appuyer la commune urbaine. Cette dernière est la seule habilitée à trancher sur comment elle va affecter ses dépenses, et quelle orientation va prendre son budget».

Lumen