Si les feux de brousse et les feux de forêt continuent au rythme actuel, Madagascar n’aura plus de forêts dans trente ans.

«Dans quelques années, nous allons observer une extinction massive des espèces, dont les lémuriens qui font la renommée de notre Île. Je ne fais pas là une mauvaise prédiction ni un devin. Je dis cela en ma qualité de scientifique». Propos du Professeur Ratsimbazafy Jonah, Président du Groupe d’Étude et de Recherche sur les Primates (GERP) et Président également de la Société Internationale de la Primatologie (SIP) qui alerte sur une catastrophe imminente qui menace les lémuriens malgaches. La destruction non maîtrisée des corridors constitue une des premières causes de la disparition continuelle des espèces endémiques de la Grande Île si l’on se fie aux explications du Primatologue. « Les corridors sont fragmentés. Cela entraine l’isolement des forêts et des espèces qu’elles abritent » déplore le Pr Ratsimbazafy Jonah. Ce qui limiterait les échanges entre les espèces et entrainerait la problématique de la consanguinité. Le Président du GERP de prendre l’exemple des propithèques de la Réserve naturelle intégrale de Betampona. «Il y a dix familles de propithèques dans cette réserve, mais les espèces ne se renouvellent pas. Et l’on observe une perte progressive de la diversité génétique des espèces», déplore le scientifique.  

L’heure est aux urgences

L’entretien avec le Pr Ratsimbazafy Jonah a permis de savoir que près des 90 % des lémuriens endémiques de Madagascar sont actuellement menacés. Pour notre interlocuteur, des solutions existent, mais cela exige « une volonté politique des décideurs ». À en croire le Président du GERP, comme les scientifiques disposent déjà des bases des données relatives aux espèces, si l’on ne prend que l’exemple de la Réserve de Betampona, le pays devrait commencer à procéder à la translocation des mêmes espèces. « Il faut faire en sorte de rehausser la diversité génétique en mélangeant les animaux », explique le Pr Ratsimbazafy Jonah. Avant de noter « cette pratique se fait déjà dans les autres pays. On ne le fait pas encore chez nous et nous nous résignons à la gestion pure et simple des aires protégées». Outre la translocation, l’arrêt définitif, une bonne fois pour toutes, de la problématique des feux de forêts et de brousses serait également « la » bonne solution. À l’heure où le microcebus Berthea est déclaré « menacé d’extinction », l’annonce faite par le Pr Ratsimbazafy Jonah confirme l’urgence pour Madagascar de se réveiller de son long sommeil en matière de conservation de sa biodiversité


Lumen