La COP 27 qui s’est tenu en Egypte était une opportunité pour la délégation malgache de rencontrer tous les partenaires et alliés dans la lutte contre les effets du changement climatique dont la Grande île est victime. La sécurité alimentaire fait partie de ces grands chantiers pour Madagascar. Le sujet a ainsi été au centre des échanges entre le Président de la République Andry Rajoelina et David Beasley, Directeur exécutif du Programme Alimentaire Mondial (PAM).
« Nous savons que les chocs climatiques dans le monde vont accentuer la pauvreté à Madagascar et nous, au sein du PAM, sommes déterminés à travailler avec le peuple et avec le Président pour fournir des solutions radicales afin que les populations puissent être autonomes et prendre soin de leurs familles. » Tels ont été les propos du Directeur exécutif du PAM, David Beasley, suite à sa rencontre avec le Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina à Sharm el-Sheikh, Egypte, le 14 novembre. A titre de rappel, en 2021, les populations du Grand Sud de Madagascar ont été déclarées par les Nations Unies comme étant les premières victimes de la faim due au changement climatique dans le monde. Et comme l’a souligné l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Madagascar, en septembre dernier, « la situation devrait continuer à se détériorer ». Notamment à cause « des stocks alimentaires insuffisants, des prix élevés des denrées de base en raison du Covid-19 et des restrictions connexes, et des faibles opportunités d’emploi ». Sans oublier « la sècheresse de 2020-2021 et la crise de la sécurité alimentaire qui en a résulté » et qui « ont aggravé la situation nutritionnelle ».
Des voyants au rouge
En effet, selon le « Bulletin Sécurité Alimentaire Nutrition et Alerte Précoce » publié conjointement au mois d’Août 2022, par le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), la FAO, le PAM et le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET), « pour le Grand Sud et les districts du littoral du Grand Sud Est, pour la période du mois septembre à novembre 2022, une dégradation de la situation de sécurité alimentaire est attendue ». Ce même bulletin avance en effet que « pour la première période projetée, 1,95 million de personnes sont susceptibles d’être en insécurité alimentaire élevée (Phase 3 de l’IPC ou plus), avec une légère diminution de la population en Phase 4 de l’IPC (Urgence) dans le Grand Sud Est ». Une diminution qui s’expliquerait selon l’étude « par les effets positifs des aides humanitaires distribuées sur la période courante et la relance agricole en cours pour le Grand Sud Est ». Notons que l’IPC ou Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire se définit comme étant « un ensemble d’outils d’analyse et de processus permettant d’analyser et de classifier la sévérité de l’insécurité alimentaire suivant des normes scientifiques internationales ».
L’agriculture est une solution
La COP 27 qui s’est tenue en Egypte s’affiche alors comme l’occasion pour le pays de sortir des solutions concrètes, durables et réalisables dans les plus brefs délais pour assurer la sécurité alimentaire des malgaches. Comme l’a noté Zitouni Ould-Dada, Directeur adjoint au Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l’environnement de la FAO durant une interview, cette COP a permis de « voir enfin des pays et d’autres acteurs aborder réellement et sérieusement la question de la sécurité alimentaire mondiale ». « La succession des crises et la vulnérabilité des systèmes agroalimentaires ont placé l’agriculture au cœur de cette conférence internationale…Et samedi, avec la Présidence Egyptienne, nous lançons une nouvelle initiative sur l’alimentation et l’agriculture pour une transformation durable » a-t-il déclaré. Il s’agirait d’ailleurs d’une première initiative qui vise, selon Zitouni Ould-Dada, « une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une meilleure vie pour tous ». Les solutions sont là, selon le Directeur adjoint de la FAO, mais il nous faut « agir plus rapidement… car le Changement climatique nous échappe et nous ne courons pas assez vite pour le rattraper ».
Karina Zarazafy
Article publié en partenariat avec MESHA/IDRC pour la couverture de la COP-27 par les journalistes scientifiques africains.