L’accès à la cuisson propre fait partie des objectifs urgents en matière d’adaptation au changement climatique. Madagascar, en tant que pays du Sud doté d’un grand potentiel dans le domaine de l’énergie verte a pu, à l’issue de la COP27, bénéficier du programme Clean Cooking initié par le Royaume d’Arabie Saoudite.

« La pollution de l’air – en grande partie à l’intérieur des habitations – est le troisième facteur de risque de mortalité et de morbidité à Madagascar, causant près de 17 000 décès et 850 000 jours perdus à cause de la maladie chaque année ». Tel est le constat du rapport d’Analyse environnementale pays (AEP) 2022 de Madagascar, publié par la Banque mondiale. Cette pollution est en grande partie due à l’usage du bois de chauffe pour la cuisson. D’après cette AEP, cette « dépendance à la biomasse » constitue « un facteur majeur de déforestation ». Cela a alors « de graves répercussions sur la santé et la productivité, en particulier chez les femmes et les enfants ». La 27ème Conférence des Nations unies sur le Changement climatique (COP27) qui s’est tenue ces deux dernières semaines à Sharm el-Sheikh, Egypte, a permis à Madagascar d’intégrer le programme « Clean cooking » qui consiste notamment en la « démocratisation des technologies de cuisson propre dans les Pays du Sud ». « Madagascar fait partie des pays bénéficiaires de cette Initiative Verte Saoudienne visant à démocratiser les technologies de cuisson propre et à booster l’industrie du clean cooking pour soutenir l’accès du plus grand nombre à l’énergie propre au quotidien » a ainsi déclaré le Directeur du cabinet de la Présidence de la République de Madagascar, Dr. Baomiavotse Vahinala Raharinirina, le 16 novembre dernier. Cette dernière de soutenir que « le programme Clean cooking pour Madagascar devrait renverser la tendance actuelle, à savoir 450.000 tonnes de charbon contre 15.000 t de butane, biogaz et éthanol, consommés chaque année ».

Un dû

Toujours d’après les propos du Directeur du cabinet de la Présidence, Andry Rajoelina, Président de la République de Madagascar, rappelle souvent que « il n’est pas question pour des pays comme Madagascar de renforcer la dette sur ces défis climatiques alors même que nous sommes un pays victime du changement climatique ». La Grande île aurait alors su faire valoir ses potentialités dans le cadre du développement de l’énergie verte. Ainsi, comme l’a renforcé Baomiavotse Vahinala Raharinirina, « l’Arabie Saoudite s’est engagée avec ses partenaires à nous accompagner à travers la création de Trust Fund et l’accompagnement par des mécènes et des philanthropes ». Avant de rajouter, « ces mêmes acteurs nous poussent également à sérieusement se pencher sur l’opportunité de production d’hydrogène à Madagascar ». Ce, car toutes les données scientifiques démontreraient « que le potentiel est énorme dans ce domaine ». Il est à noter que « l’accès à la cuisson propre pour 2,4 milliards de personnes grâce à un financement innovant d’au moins 10 milliards USD par an » figurait parmi les résultats attendus en matière d’adaptation lors de cette COP. Pour le cas de l’Afrique, l’un des trois objectifs clés de l’Initiative pour une transition énergétique juste et abordable en Afrique ou AJAETI, lancée également durant la COP27, est de « assurer la transition de 300 millions de personnes, sur les 970 millions qui n’ont pas accès à des combustibles et à des technologies de cuisson propres, vers la cuisson propre d’ici 2027 ». S’affichent alors comme étant des avancées significatives dans ce sens, cette initiative de l’Arabie Saoudite en faveur des Pays du Sud, ou encore le lancement du « Green Renewable Hydrogen Forum » par le président Egyptien Abdel Fattah El-Sisi et le Premier ministre Belge, Alexander De Croo. Un forum qui vise à « trouver des moyens d’accroître les investissements dans le domaine de l’hydrogène vert renouvelable ». Sans oublier la signature, par l’Egypte, de partenariats pour son programme Nexus of Water-Food-Energy (NWFE) qui vise à « soutenir la mise en œuvre d’initiatives climatiques avec des investissements d’une valeur de 15 milliards USD, dont un projet énergétique d’une valeur de 10 milliards USD et huit projets liés à la sécurité alimentaire, à l’agriculture, à l’irrigation et à l’eau ». Néanmoins, des efforts restent à faire. Ainsi, le programme de travail de Glasgow-Sharm el-Sheikh sur l’objectif d’adaptation mondiale ne sera-t-il conclu que lors de la COP28.


Karina Zarazafy

Article publié en partenariat avec MESHA/CRDI pour la couverture de la COP-27 par les journalistes scientifiques africains.