La 27ème Conférence des Nations unies sur le Changement climatique (COP27) s’est soldée notamment par la mise en place d’un fonds pour les pertes et préjudices pour les pays vulnérables tels que Madagascar. « Un important pas vers la justice … mais ce n’est pas une solution si la crise climatique raye de la carte un petit État insulaire ou transforme un pays africain entier en désert. » souligne le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres.

La décision prise lors de la COP27 de mettre en place « de nouveaux mécanismes de financement, ainsi qu’un fonds spécifiques, pour aider les pays en développement à faire face aux pertes et préjudices » marque un tournant historique dans la lutte contre le changement climatique. Ce, dans la mesure où cette question n’a jamais figuré dans l’agenda officiel de la COP auparavant, mais surtout, parce que cette fois, ceux qui, comme l’a noté le SG des Nations unies « sont en première ligne et qui n’ont pas fait grand-chose pour provoquer la crise », ont enfin pu être entendus. Les gouvernements ont alors, à l’issue de la COP27, convenu « de créer un comité de transition chargé de formuler des recommandations sur la manière de rendre opérationnels les nouveaux mécanismes de financement et le fonds lors de la COP28 de l’année prochaine ». Ce comité transitoire tiendrait, selon les Nations unies, sa première réunion « avant la fin du mois de mars 2023 ».

Un espoir pour Madagascar

La mise en place de ce fonds ne peut être que saluée par la Grande île qui, dans sa deuxième contribution déterminée au niveau nationale (CDN2 2020-2030) exprime un besoin de financement d’un montant de « 2,800 milliards USD » pour les pertes et préjudices. Madagascar attend en effet beaucoup des divers fonds climatiques afin de pouvoir mettre en œuvre sa CDN2 qui nécessite un financement total de « 21,829 milliards USD ». L’appel d’António Guterres pour le rétablissement d’une « confiance brisée » vient alors renforcer cet espoir pour les pays vulnérables.
 « Le système des Nations unies soutiendra cet effort à chaque étape du processus. La justice devrait également signifier plusieurs autres choses telles que : Tenir enfin la promesse longtemps retardée de 100 milliards de dollars par an de financement climatique pour les pays en développement ; La clarté et une feuille de route crédible pour doubler le financement de l’adaptation ; Changer les modèles économiques des banques multilatérales de développement et des institutions financières internationales. Elles doivent accepter de prendre plus de risques et mobiliser systématiquement des financements privés pour les pays en développement à des coûts raisonnables », a déclaré le SG des Nations unies à la fin de la conférence.

Les premières victimes du changement climatique en particulier, et le monde en général, ont certes gagné une bataille mais la lutte pour le climat continue. « Le monde doit encore faire un pas de géant en matière d’ambition climatique », exhorte d’ailleurs António Guterres. Car selon lui, la question de réduction drastique des émissions n’a pas été abordée par cette COP.


Karina Zarazafy

Article publié en partenariat avec MESHA/CRDI pour la couverture de la COP-27 par les journalistes scientifiques africains.