« Nous avons besoin d’une révolution industrielle verte au 21ème siècle pour rendre les économies plus durables » a déclaré la Baronne Minouche Shafik, Directrice de la London School of Economics, le 7 Novembre à Sharm El-Sheikh, Egypte, en marge de la COP27. « Intégrer la gestion du paysage », « exploiter pleinement le potentiel de l’économie bleue » et « tirer parti de la biodiversité pour un tourisme basé sur la nature ». Tels sont alors les trois moyens proposés par la Banque mondiale dans son rapport d’Analyse environnementale du pays (CEA) de Madagascar, afin de soutenir un développement vert, résilient et inclusif pour ce dernier.
Victoria Kwakwa, Vice-présidente régionale de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et Australe, est actuellement dans nos murs. Le principal objet de sa visite étant de répondre de façon adéquate aux besoins de soutien de Madagascar « dans ses aspirations pour rebâtir sa croissance ». « Je félicite le gouvernement pour les efforts déployés afin de permettre à Madagascar de se remettre des multiples chocs. Et suis contente que nous ayons une convergence de vue pour sortir le pays de la pauvreté » a-t-elle déclaré à l’issue de sa rencontre avec le Premier ministre et les membres de son gouvernement, le 5 décembre dernier. Pour ce faire, les deux parties se concentreront, selon Victoria Kwakwa, sur « la création d’emplois de qualité à travers l’appui au secteur privé », « l’amélioration de la connectivité et du capital humain », « le renforcement de la résilience » et « l’amélioration du climat des affaires ». Cette visite a cependant été précédée de la sortie du rapport d’Analyse environnementale du pays (CEA) de Madagascar dans lequel la Banque mondiale a évoqué la nécessité pour la Grande île d’avoir une meilleure gestion de son capital naturel. En effet, d’après cette analyse, « quand on parle de Madagascar, des images de biodiversité riche et unique, de forêts denses et du plus long littoral d’Afrique viennent en tête ». Pourtant, actuellement, le pays figure parmi les « 22 pays sur 146 où la richesse par habitant a diminué entre 1995 et 2018 ». Un déclin qui, toujours d’après cette grande institution financière, « est dû à la faible productivité du capital naturel du pays ». Ainsi, pour inverser la tendance, la Grande île devrait-elle « mettre ses ressources au service de la croissance économique ».
Réformes
Le 6 décembre, la Vice-présidente régionale de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et Australe s’est entretenue avec le Président de la République, Andry Rajoelina.« Nous nous sommes entendus sur la nécessité de réformes pour que le pays mette fin à la pauvreté » a-t-elle affirmé suite à cette rencontre. Des réformes devraient en effet être menées. Et d’après la CEA de Madagascar, cela devrait notamment porter sur « l’intégration de la gestion des paysages » dans les différents projets de développement rural et d’infrastructure. Ce, afin d’accroître « la durabilité des investissements dans les infrastructures ». En effet, « la production agricole et la foresterie qui, avec la pêche, représentent environ 25% du PIB et 75% de l’emploi sont ancrés dans les paysages de Madagascar ». Pourtant, « ces paysages se dégradent ». Des dégradations dont le coût économique est évalué depuis 2000 « à plus de 6,7 milliards de dollars, soit 1,78% du PIB de Madagascar par an.» Madagascar gagnerait également, toujours selon la CEA, « à s’appuyer sur sa transition vers une économie bleue ». Car, « cela atténuera l’impact des inondations côtières et augmentera la séquestration du carbone dans ses actifs bleus ». Le pays ambitionnant d’ailleurs, suite à la 27ème Conférence des Nations unies sur le Changement climatique (COP27), à être un pays modèle en carbone bleu. Et d’un autre côté, il y a le tourisme. Un secteur qui, toujours d’après l’analyse de la Banque mondiale, « contribue de manière significative aux chaînes de valeur locales, régionales et nationales » et dont le potentiel de croissance est, pour le cas de Madagascar, très important. Aussi le pays devrait-il tirer parti de sa biodiversité impressionnante, de ses paysages et de sa culture unique pour développer ce secteur. Ces principaux axes de réformes soulevés par la Banque mondiale semblent répondre à l’appel de Minouche Shafik lors de la COP27, pour soutenir les pays du monde, notamment ceux du continent Africain, à déployer tout leur potentiel pour une « économie à faible émission de carbone » et ainsi passer à la « révolution industrielle verte ».
Karina Zarazafy
Article publié en partenariat avec MESHA/CRDI pour la couverture de la COP-27 par les journalistes scientifiques africains.