Le site de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a été au cœur d’une polémique ce weekend. Alors que les résultats affichés différaient de ceux proclamés officiellement la veille, la CENI a déclaré que son site avait été piraté. Une affirmation qui, loin d’apaiser les tensions, nourrit les soupçons autour des élections communales.
Rappel des faits. Samedi en fin d’après-midi, les résultats affichés par le site de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne correspondaient pas aux résultats annoncés lors de la proclamation des résultats provisoires du vendredi. Selon la CENI, Harilala Ramanantsoa, candidate de la plateforme Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina (IRMAR), avait remporté 43,24 % des suffrages contre 36,24 % pour Tojo Ravalomanana, candidat du Tiako i Madagasikara (TIM), principal parti d’opposition. Cependant, sur le site, les chiffres créditaient Tojo Ravalomanana de 42,21 %, reléguant Harilala Ramanantsoa à 37,75 %.
Cette incohérence a rapidement suscité l’émoi notamment sur les réseaux sociaux, contraignant la CENI à suspendre son site internet. En soirée, Tsehena Rakontondrasoa, secrétaire exécutif de la CENI, a pris la parole sur le plateau de la télévision nationale pour clarifier la situation, affirmant que le site avait été victime d’un piratage.
Il n’en fallait pas tant pour renforcer les doutes et les suspicions de fraude qui ont entouré ces communales depuis le début du processus. Plusieurs personnalités du régime dont la porte-parole de la présidence Lova Ranoromaro se sont exprimées là-dessus. Cette dernière a signifié que cela ne changerait en rien aux résultats provisoires annoncées vendredi. Les forces de l’ordre sont également montés au créneau à travers l’Etat major mixte opérationnel qui a mis en garde sur la publication de fausses informations notamment autour des élections, susceptibles de provoquer des troubles. La CENI a d’ailleurs annoncé qu’une enquête a été ouverte.
Arrestation et escalade des tensions
Un partisan du TIM Jean Luce Randriamihoatra a été appréhendé par les gendarmes dimanche dans le cadre de cette affaire. Se rendant à la caserne Ratsimandrava où ce dernier est détenu, Rina Randriamasinoro, secrétaire général du TIM, a déclaré que le parti n’était pas à l’origine des informations erronées circulant sur les résultats. Ce lundi, le site de la CENI demeure inaccessible, alimentant les interrogations sur l’ampleur et la nature exacte de l’incident.
La réaction de l’opposition à la suite de cette arrestation est attendue. Le TIM a d’ailleurs déposé des requêtes auprès du tribunal administratif concernant les infractions qu’il aurait relevées durant ces communales. Avec cette arrestation, la trêve politique appelée par le député Augustin Andriamananoro lors de la clôture de la session parlementaire est mal engagée.
Tolotra Andrianalizah