Les communales de décembre clôturent une année intense où le pouvoir en place a consolidé son emprise, tandis que l’opposition, en proie à des divisions internes et des revers successifs, semble plus affaiblie que jamais. Sa survie politique dépend désormais de sa capacité à se réinventer et à s’unir pour exister face à une plateforme présidentielle qui domine le paysage politique.

La proclamation des résultats officiels des élections communales, attendue vers la troisième semaine de janvier, marquera la fin d’une période électorale dense dans le pays. Depuis l’élection présidentielle de fin 2023, suivie par les législatives en juin et les communales en décembre, Madagascar a traversé une période intense où les tensions politiques n’ont jamais vraiment baissé. Au final, le grand vainqueur reste le parti au pouvoir et son homme fort, le président de la République Andry Rajoelina. Au-delà des critiques récurrentes entourant l’organisation de ces élections, l’histoire retiendra que l’actuel locataire d’Iavoloha a été élu dès le premier tour et a vu sa mainmise sur le pouvoir se renforcer avec la razzia de la plateforme IRMAR (Tous avec Andry Rajoelina) aux législatives et l’écrasante victoire à venir de cette dernière aux communales. Andry Rajoelina s’est ainsi ouvert un boulevard pour la suite de son second mandat consécutif.

Un poids politique en question

L’opposition ne compte toutefois pas lâcher l’affaire. Des plaintes ont été déposées auprès des tribunaux administratifs concernant les communales, et les déclarations se veulent plus virulentes. Lors d’une allocution ce 3 janvier 2025, l’ancien président Marc Ravalomanana a ouvertement dénoncé la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’accusant d’être à la solde de la formation au pouvoir. Les élections communales se sont révélées particulièrement difficiles pour son parti, le Tiako i Madagasikara (TIM), et pour l’opposition en général. Symbole de cette débâcle : la défaite annoncée du TIM dans la capitale Antananarivo. Traditionnellement perçue comme son bastion, Antananarivo a été le théâtre d’une deuxième défaite consécutive pour le parti. Certes, le TIM a conservé une certaine base dans la capitale aux législatives, mais les résultats des communales montrent un net recul. L’émergence d’autres figures de l’opposition, comme Tahina Razafinjoelina du Kôlektifa, a largement contribué à diviser les votes, accentuant la fragilité du parti et, une fois de plus, de l’opposition en général.

Avec une représentation quasi inexistante à l’Assemblée nationale et un fiasco aux communales, l’opposition se trouve plus que jamais affaiblie. La situation est d’autant plus critique que la mobilisation populaire semble désormais limitée. L’avenir de l’opposition paraît incertain à Madagascar. Cet avenir dépendra de sa capacité à tirer les leçons de cette période électorale et à se réinventer dans un paysage politique où l’unité est cruciale. À l’heure actuelle, l’opposition avance en ordre dispersé, avec, d’un côté, la plateforme Firaisankina, où se trouve le TIM, et, de l’autre, le Kôlektifa.

Tolotra Andrianalizah