La Commission électorale nationale indépendante est passée à l’offensive dans une conférence de presse aux allures de règlement de compte.
C’est un Tseheno Rakotondrasoa – secrétaire exécutif – déterminé qui s’est présenté aux journalistes ce 9 janvier, entouré de plusieurs responsables au sein de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). La réponse de la commission était attendue après les critiques acerbes qu’elle a essuyées depuis la proclamation des résultats provisoires. Il faut dire que les mots de Marc Ravalomanana d’il y a quelques jours résonnent encore. Le numéro un du parti Tiako i Madagasikara avait scandé devant ses partisans qu’il fallait démanteler la CENI, affirmant que la commission était à la solde du pouvoir en place.
Particulièrement visée sur la question des ordonnances, la CENI a tenu à clarifier les choses. Selon Tseheno Rakotondrasoa, ces ordonnances permettent à tout citoyen d’être inscrit sur la liste électorale, un droit fondamental pour garantir la participation de tous aux élections. Le secrétaire exécutif rappelle que Marc Ravalomanana lui-même avait approuvé leur utilisation. Il indique également que le fils de l’ancien président, et non moins candidat du TIM, Tojo Ravalomanana, figure parmi les bénéficiaires de ce dispositif. « Sans ordonnance, Tojo Ravalomanana n’aurait pas pu se présenter », déclare-t-il, soulignant une incohérence dans les positions de l’ancien président. Toutefois, il convient de noter que les doutes soulevés par Marc Ravalomanana concernaient surtout les modalités de délivrance de ces ordonnances.
Diffamation
Pour couper court aux accusations de manipulation, le directeur du système d’information et des nouvelles technologies de la CENI, Alberto Ranaivodimby, attire l’attention sur l’impact finalement limité de ces ordonnances sur les résultats provisoires, notamment à Antananarivo. Sur les 34 998 citoyens ayant bénéficié d’une ordonnance, seuls 2 079 ont effectivement voté, soit 0,8 % du total des votants dans la commune.
La CENI réfute ainsi toutes accusations de fraude ou de partialité et s’agace visiblement de ce qu’elle qualifie de campagne de dénigrement à son encontre, notamment sur les réseaux sociaux. La directrice des affaires juridiques, Irasoa Randriamahanina, fait ainsi savoir que la commission a porté plainte pour diffamation. « La CENI est une institution. Nous ne pouvons accepter ces diffamations », assène-t-elle.
Tseheno Rakotondrasoa ajoute que des recours existent. Il a notamment précisé que, malgré tout ce qui se dit autour du scrutin, la CENI n’a reçu qu’un petit nombre de demandes de confrontation de procès-verbaux, surtout comparé aux législatives. Aucune pour la Commune urbaine d’Antananarivo. Il poursuit que la balle est dans le camp du tribunal administratif, qui devra proclamer les résultats officiels dans les prochains jours après avoir examiné les plaintes qu’il a reçues. « La CENI n’est pas habilitée à annuler des résultats », précise la directrice des opérations électorales et référendaires, Onisoa Randrianarimanana.
Reste à savoir si cette sortie atténuera le sentiment de méfiance, voire de défiance, qui entoure la CENI.
Tolotra Andrianalizah