Depuis quelques années, les périodes électorales à Madagascar sont marquées par une prolifération des discours de haine et des fausses informations circulant sur les réseaux sociaux. Les dernières communales n’ont pas dérogé à cette règle avec une explosion du phénomène au mois de décembre.
« En octobre, nous avons recensé environ 400 cas de discours de haine et de MDM (mésinformation, désinformation et malinformation). Ce chiffre a triplé en décembre, particulièrement durant le scrutin et la période post-électorale », explique Fanny Rakotomamonjy responsable du monitoring des médias au sein de l’ONG Communication Idea Development (CID). Cette ONG qui scrute les discours de haine depuis mai 2024 et les fausses informations depuis septembre 2024 note une hausse de ces phénomènes durant la précampagne des communales pour atteindre ce pic au mois de décembre. D’après les explications, les groupes de discussions sur le réseau social Facebook sont identifiés comme les principales plateformes de propagation, avec pour cibles les candidats, les partis politiques, les forces de l’ordre, et les organismes chargés des élections.
Pauvreté du débat politique
Cette explosion de discours de haine et de fausses informations peut avoir des répercussions bien au-delà du virtuel. « Ces pratiques peuvent renforcer la tension entre les candidats, leurs comités de soutien, et provoquer des divisions au sein de la société », alerte Fanny Rakotomamonjy. Le danger réside dans le fait que ces discours toxiques pourraient quitter la sphère numérique pour se manifester dans la rue, entraînant des violences directes. C’est pour cela que CID a mis en place une stratégie de signalement basée sur une échelle de risque. En cas de menace, des alertes sont diffusées via leur page Facebook et leur fil Whatsapp. « La seule journée du 11 décembre, nous avons émis cinq fact-checkings et trois alertes », souligne Fanny Rakotomamonjy, précisant que CID avait activé une situation room pour un monitoring en temps réel.
Les discours haineux et les fausses informations ont pour effet de polluer un débat politique déjà intellectuellement et moralement pauvre dans le pays. Les périodes électorales sont particulièrement révélatrices de cette situation. Le manque de fond dans les débats ouvre alors la voie aux attaques personnelles, détournant ainsi l’attention des véritables enjeux dans le pays.
Tolotra Andrianalizah