L’African Growth and Opportunity Act pourrait être affecté par les orientations géopolitiques du nouveau président américain Donald Trump. Les discussions sur sa prolongation suscitent de vives inquiétudes.

Alors que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) approche de son expiration en septembre 2025, son avenir semble plus incertain que jamais. Malgré un soutien bipartisan traditionnel au Congrès américain, qui a permis sa prolongation en 2015 et pourrait faciliter une nouvelle réautorisation, le contexte géopolitique et le discours protectionniste du président élu Donald Trump jettent une ombre sur son évolution. La probable reconduction de l’AGOA pourrait s’accompagner d’une refonte de ses modalités. L’une pourrait concerner l’approvisionnement en tissus provenant de pays tiers (Third Country Fabric – TFC), accentuant la volonté assumée de l’administration Trump de limiter l’influence chinoise dans les échanges commerciaux globaux.

La disposition TFC autorise les pays de l’AGOA à s’approvisionner en tissus dans n’importe quel pays, notamment en Asie, à des coûts compétitifs. « La suppression de la TFC mettrait en péril notre chaîne de production. Madagascar ne dispose que d’une seule usine de tissage, avec des capacités limitées. Nous ne sommes pas prêts à produire localement tout le tissu dont nous avons besoin », indique un acteur du secteur.

Emplois

Si l’objectif affiché de cette réforme est de stimuler les investissements dans la production locale de tissus, la réalité sur le terrain complique la tâche. La fabrication de tissus nécessite une alimentation énergétique stable, un défi pour un pays où les coupures d’électricité sont fréquentes. En outre, les infrastructures nécessaires pour soutenir un secteur textile intégré font cruellement défaut. L’exemple du coton illustre ces limites. Bien que Madagascar possède des terres propices à la culture du coton, les initiatives pour développer une chaîne de valeur locale sont inexistantes.

Maintenir la TFC dans le cadre de l’AGOA est crucial pour garantir la compétitivité du textile malgache et préserver les acquis en termes d’emploi. Le marché américain est le premier client du textile malgache avec 37,7% des exportations contre 22,13% pour la France selon la Loi de finances rectificatives 2024.

Tolotra Andrianalizah