Transparency International Initiative Madagascar souligne la stagnation persistante de la lutte contre la corruption. Loin des discours rassurants, l’association insiste sur le lien entre déficit démocratique et corruption et refuse toute complaisance. Une posture qui dérange …
Avec un score de 26/100 et une 140ème place sur 180 pays, Madagascar a gagné un point et cinq positions dans le classement de l’Indice de perception de la corruption (IPC) 2024. Transparency International Initiative Madagascar (TIMG), estime que cette avancée n’est pas significative et l’association attire l’attention sur la stagnation de la lutte contre la corruption dans le pays depuis plus de dix ans. Les péripéties de la dernière présidentielle ont eu un impact sur le score de 2024 qui prend en compte l’année 2023. La vice-présidente de Transparency International Ketakandriana Rafitison explique d’ailleurs qu’il y a un lien entre le « déficit démocratique » et la corruption. Dans ce sens, Madagascar se situerait à la limite de l’autocratie.
Concernant cette présidentielle, la directrice exécutive de TIMG Mialy Randrimampianina reprend justement toutes les critiques qui ont déjà été dites autour de l’organisation de l’élection, entre les violences et le non-respect de la neutralité de l’administration. Une explication qui n’est visiblement pas du gout du sénateur Tsiebo Mahaleo et non moins président du groupe parlementaire proche du régime IRMAR. Lors de la cérémonie de présentation, cet élu a mis en doute l’objectivité de l’étude sur ce point en particulier. « Dans un souci d’objectivité, il aurait fallu aussi signaler (…) la responsabilité des candidats », lance-t-il. Il estime par ailleurs que Madagascar a fourni des efforts louables dans la lutte contre la corruption et que cela ne se reflète pas dans l’étude. « On mériterait de gagner plus qu’un point si les analyses avaient été moins tendancieuses et plus objectives », déclare-t-il plus tard devant les journalistes.
Cette intervention du sénateur Tsiebo Mahaleo confirme en quelque sorte le caractère « dérangeant » de l’IPC que Ketakandriana Rafitison a souligné quelques minutes plus tôt dans son discours. Elle affirme en effet que malgré qu’il soit un outil de référence mondial dans la mesure de la corruption depuis 30 ans, l’IPC est souvent décrié pour son manque de complaisance. « Qu’il plaise ou pas, l’IPC est là ! », glisse-t-elle.
Répondant au sénateur, Mialy Randrimampianina rappelle pour sa part que le rôle de la société civile n’est pas de brosser dans le sens du poil. « Ce n’est pas vous rendre service de n’entendre que le positif (…). Admettez qu’il y ait des voix alternatives », déclare-t-elle à l’attention de Tsiebo Mahaleo.
Tolotra Andrianalizah