Survivre au-delà du financement des partenaires internationaux. Un cap que la société civile malgache se doit de franchir, s’accordent à dire les personnalités présentes à l’évènement « De Fanainga à Fanainga+ ».

Si l’évènement célèbre le succès de l’expérience multi bailleurs de Fanainga/Fanainga +, une initiative conjointe de plusieurs partenaires internationaux du pays en faveur de la société civile, il a particulièrement été question de la pérennisation des organisations de cette société civile et de leurs actions sur le terrain. Le sujet est plus que jamais d’actualité avec le récent gel des fonds de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) décidé par le président américain Donald Trump. Une situation que Stella Razanamahefa de la société civile n’a pas manqué de souligner. « Cela affecte les initiatives de la société civile », confirme-t-elle.

Outre cette décision de Washington, une tendance à la réduction des budgets de l’aide au développement se dessine actuellement. « Ce qu’on pensait être des éléments acquis ne le sont plus tout à fait », lance l’ambassadeur de France Arnaud Guillois qui évoque des « tentations de repli sur soi ». D’où l’importance de la pérennisation. « Un projet ne doit pas s’arrêter une fois que le financement s’arrête. Il faut que dès le premier jour, le projet commence à réfléchir à durer au-delà du financement parce que les financements ne sont pas éternels », indique pour sa part l’ambassadeur de l’Union européenne Roland Kobia. Dans ce sens, ce dernier évoque entre autres la mobilisation du secteur privé malgache comme possible alternative.

Engagement citoyen

Harijaona Andriamoraniaina de la plateforme Rohy est conscient de ce défi pour la société civile malgache d’exister au-delà des financements étrangers. « Il est important de renforcer la capacité des organisations de la société civile de diversifier les partenariats et de mobiliser les ressources internes », déclare-t-il. Harijaona Andriamoraniaina attire par ailleurs l’attention sur le faible taux de volontariat. En plus des raisons économiques, il avance un manque d’éducation citoyenne qui pousse à l’engagement. « Le modèle qui prévaut c’est qu’une prise de responsabilité doit être rémunérée », glisse-t-il en ajoutant que la société civile s’active justement sur le front de cette éducation citoyenne.

Lancé en 2019, Fanainga a pour mission de renforcer les organisations de la société civile. Il s’agit d’une initiative conjointe de l’Union européenne, du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement, du gouvernement de la Principauté de Monaco et de l’Ambassade de France. Les partenaires ont été rejoints en 2024 par l’Agence Française de Développement pour donner Fanainga +.

Tolotra Andrianalizah