Les universités malgaches sont souvent le théâtre de manifestations marquées par des tensions avec les forces de l’ordre. Mais une nouvelle approche émerge : grâce au projet IRF Tanora Universitaire, les étudiants sont formés aux techniques de plaidoyer et dialoguent directement avec les décideurs. Une initiative inédite qui pourrait transformer durablement la manière dont les revendications sont portées dans le milieu universitaire.
Les campus universitaires ont toujours été des foyers récurrents de tension. Les manifestations estudiantines au cours des dernières années l’attestent : paiement des bourses d’étude, rétablissement de l’électricité et de l’eau dans les cités entre autres. Les revendications bien que considérées comme légitimes, sont alors occultées par les violences qui émaillent les mouvements, aussi bien perpétrées par les étudiants eux-mêmes que par les éléments des forces de l’ordre.
C’est dans ce contexte qu’IRF Tanora Universitaire intervient. D’après les porteurs du projet, l’objectif est d’instaurer un environnement apaisé au sein des universités. Afin de capitaliser sur les résultats de l’initiative, un évènement est organisé à Ankatso, une occasion de découvrir ce projet qualifié d’innovant par Kanil Lopes, le conseiller en gouvernance du PNUD. « Le projet est la première initiative qui vise le milieu universitaire et qui travaille avec les étudiants et les autorités universitaires pour la cohésion sociale. Pour nous c’est un projet pilote dont les résultats nous permettront peut-être, grâce aux autres partenaires d’étendre à d’autres universités à Madagascar et même au-delà, dans d’autres pays », indique-t-il.
Loi de finances
Concrètement, grâce au renforcement de capacité des étudiants en plaidoyer, ces derniers ont pu porter des revendications auprès des commissions parlementaires. La professeure Lala Harivelo Ravaomanarivo vice-présidente de l’université d’Antananarivo le confirme. « Les étudiants ont mené un plaidoyer au niveau de l’Assemblée nationale ! », se réjouit-elle. Une table ronde s’est d’ailleurs tenue fin 2024 où les étudiants ont pu discuter avec des élus afin de les convaincre de soutenir une révision de la Loi de finances visant à augmenter les dotations budgétaires allouées au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, en particulier pour les bourses d’études, les infrastructures de logement étudiant, ainsi que le règlement des dus aux enseignants et au personnel administratif et financier.
Pour sa part Ndranto Razakamanarina, président de l’Alliance Voahary Gasy souligne que les revendications ne se limitent pas aux manifestations qui collent à l’image des universités. « Ces manifestations peuvent faire partie du plaidoyer si elles sont réalisées de manière responsable mais, il n’y a pas que les manifestations. Quand vous avez des revendications claires et bien structurées, vous pouvez les porter au niveau des décideurs, des décideurs qui doivent prendre le temps d’écouter d’un autre côté », glisse-t-il. Il est à noter que le volet universitaire du projet IRF est mis en œuvre par MSIS Tatao, l’Action Intercoopération Madagascar et l’Alliance Voahary Gasy. Il a été mené au sein des université d’Antananarivo, de Tomasina et de Toliara. Le projet IRF Tanora dans sa globalité est financé par le Fonds de consolidation de la paix et est exécuté par le PNUD, l’UNICEF, et UNFPA, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des sports.
Dernièrement, le projet IRF Tanora Universitaire s’est félicité d’une annonce faite en conseil des ministres sur la volonté du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique d’améliorer les infrastructures d’hébergement dans les universités d’Antananarivo, Mahajanga, Antsiranana et de Toliara.
Tolotra Andrianalizah