L’annonce de la hausse des droits de douane américains fait craindre le pire dans le secteur textile malgache.
C’est le visage fermé que les participants à la réunion d’information sur les nouveaux droits de douanes décrétés par l’administration Trump ont quitté l’hémicycle du ministère des Affaires étrangères vers midi. L’heure est grave. Les mots de la présidente du Groupement des entreprises franches et partenaires Béatrice Chang Ching Yiu ramènent à des heures sombres que le pays a déjà connues par le passé. « Nous avons vécu la même chose durant la covid-19 mais dans un contexte différent. Le chômage technique et les licenciements massifs sont une possibilité à ne pas écarter », lance-t-elle. Les conséquences de l’annonce de Donald Trump ne se sont pas faites attendre. Béatrice Chang Ching Yiu indique que des clients ont immédiatement suspendu leurs commandes, d’autres ont déclaré envisager de se tourner vers des fournisseurs basés dans des pays moins touchés par la hausse des droits de douane. Les plus optimistes ont ordonné un ralentissement de la production en attendant l’évolution de la situation. Quoi qu’il en soit, la présidente du GEFP est catégorique sur le fait qu’il s’agit d’un coup dur. Une réunion avec le ministère du Travail est d’ailleurs prévue le 9 avril.
Accord bilatéral
60 000 emplois sont concernés par la situation essentiellement dans le secteur du textile qui exporte le plus aux Etats-Unis dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) : 56%. Concernant cet accord, le directeur général de la douane Ernest Laikana indique que Madagascar figure parmi les pays qui en ont le plus bénéficié à l’image de la balance commerciale avec les Etats-Unis largement en faveur de la Grande île. Il rappelle que l’AGOA a été mis en place pour aider les pays africains à s’industrialiser grâce à une exemption de droits de douane pour certains produits. « Seulement l’orientation politique américaine a changé », souligne-t-il en ajoutant que pour l’heure, il n’y a aucune visibilité autour du renouvellement de l’AGOA. Il qualifie toutefois de positives les discussions menées aux Etats-Unis par une délégation conjointe du gouvernement et du secteur privé en mars de « positifs ». Au-delà de l’AGOA, Ernest Laikana indique que les deux pays se dirigent vers des discussions bilatérales pour trouver un terrain d’entente.
La redéfinition des droits de douane au cas par cas est justement ce qui se dessine depuis l’annonce des nouveaux tarifs. Donald Trump le confirme dans un discours à Washington ce jour en assurant que les Etats-Unis allaient conclure des « accords sur mesure » avec leurs partenaires commerciaux.
Tolotra Andrianalizah