Le gouvernement malgache s’est engagé à atteindre un taux d’accès à l’électricité de 80% d’ici 2030. Un objectif ambitieux au vu du taux actuel de 36%. La solution ne passera pas par les réseaux de la Jirama. Pleins feux sur les installations hors réseau.
Les images satellite de Madagascar de nuit en disent long sur l’état de l’électrification du pays. Des pans entiers de l’ile sont plongés dans le noir. Les lignes hautes tensions n’atteignent pas les innombrables villages isolés du pays. Les statistiques, bien statiques, font état d’une maigre couverture de 15% en ce qui concerne l’acteur principal, la Jirama. Cette couverture concerne essentiellement les centres urbains. Avec une population à majorité rurale, l’électricité reste un doux rêve pour la majorité des Malgaches.
Les acteurs du secteur s’accordent à dire que l’électrification de Madagascar se heurte à deux défis majeurs, l’étendue du territoire et une population éparse et mal répartie. Cela rend inopportune l’extension des réseaux actuels de la Jirama, le transport coutant trop cher. Les installations hors réseau s’imposent comme la solution. Si la Jirama exploitent 115 centres isolés, ses déboires financières l’empêchent d’investir davantage. C’est à ce niveau que le secteur privé peut jouer pleinement son rôle avec à son actif plus de 200 mini-réseaux dans les zones rurales. Mais cela reste insuffisant. Le taux d’accès à l’électricité à Madagascar plafonne à 36% contre une moyenne de 51% en Afrique subsaharienne.
Dynamique
C’est pour donner un coup de fouet à cette situation que le Projet de connectivité numérique et énergétique pour l’inclusion à Madagascar (DECIM) de la Banque mondiale consacre une enveloppe de 73 millions de dollars afin de mettre en place une dynamique impliquant le secteur privé. « Le secteur privé a la possibilité de déployer des technologies à travers des mini-réseaux » lance un expert de la Banque mondiale. Seulement, il est difficile pour un opérateur de s’engager dans des zones où la rentabilité n’est pas assurée, compte tenu de la pauvreté rurale. « Si on laisse seul le secteur privé prendre des initiatives, les entreprises privilégieront les localités où la population a la capacité de payer. C’est à ce niveau qu’interviennent les subventions », poursuit notre interlocuteur. Concrètement, l’opérateur fournit un 60% de l’investissement, les 40% restants étant pris en charge par le gouvernement et les partenaires. Toujours dans cette logique, la Banque mondiale accompagne également le gouvernement malgache dans la mise en place de réformes pour faciliter cette implication du privé. L’électrification constitue, mine de rien, un marché à fort potentiel, notamment dans les énergies renouvelables, tant les besoins sont immenses.
Tolotra Andrianalizah