À l’issue d’un atelier de restitution sur la perception du respect des droits humains dans le pays, une initiative inédite a vu le jour : le réseau Miaro. Portée par la société civile, cette plateforme vise à renforcer la protection de celles et ceux qui osent dénoncer les injustices, dans un contexte où l’engagement citoyen peut coûter la liberté … voire la vie.

L’atelier de restitution des résultats de l’enquête nationale sur la perception des organisations de la société civile sur le respect des droits humains dans le cadre du projet Heno s’est terminé par la présentation du réseau Miaro. Il s’agit d’une initiative de la société civile malgache visant à renforcer la protection des défenseurs des droits humains.

Les différentes prises de parole ont montré une volonté ferme des membres des organisations présents de lutter contre les injustices qui sévissent dans le pays. Le témoignage de Thomas Razafindremaka, un des symboles de ce combat, jusque-là pratiquement perdu d’avance, en dit long sur le défi qui attendent les défenseurs des droits humains sur ce front. Pour rappel, Thomas Razafindremaka a été condamné à deux ans de prison ferme en novembre 2023 pour escroquerie et usurpation de titre. La société civile dénonce une manœuvre d’intimidation. La défense a fait appel de la décision. Son cas est le lot quotidien des personnes qui osent se lever contre les violations des droits humains et des communautés à Madagascar. Un combat dont certains paient de leur vie à l’image d’Henry Rakotoarisoa, assassiné en 2022.  

Mécanismes d’alerte

D’autres témoignages ont ému l’assistance, pourtant composée de personnes qui ne sont pas étrangères à ces pratiques. Un mélange d’admiration et de prise de conscience de la faiblesse finalement de la société civile face à un mur d’injustice emplit la salle. C’est dans ce contexte que la création du réseau Miaro prend tout son sens où action collective, coordination et solidarité sont les maitres-mots. Comme son nom l’indique (Miaro, protéger en malgache) vise entre autres à offrir une meilleure protection physique et judiciaire aux défenseurs des droits humains à travers notamment des mécanismes d’alerte mais également une mobilisation des ressources nationales et internationales.

En d’autres termes, la société civile s’arme pour mener à bien ce combat pour les droits humains à Madagascar en attendant la Loi sur la protection des défenseurs des droits humains et des lanceurs d’alerte qui tarde à se concrétiser. Nadia Ratsimba juriste au sein de MSIS Tatao qui met en œuvre le projet Heno avec Tranparency International Initiative Madagascar explique que le réseau Miaro entend participer au plaidoyer pour l’adoption de ce texte. « Ce qui compte le plus, c’est l’application de la loi. Car même si une loi est adoptée, si elle n’est pas appliquée, elle ne vaut rien. Le réseau Miaro s’organisera non seulement pour faire adopter cette loi, mais aussi pour veiller à sa mise en œuvre effective. L’objectif partagé n’est pas de semer le trouble, mais d’apporter la sérénité au sein des communautés », lance-t-elle.

Le réseau Miaro en est à ses débuts. Un site web dédié https://reseaumiaro.org/ entend centraliser les informations sur les droits humains à Madagascar, favoriser la mise en réseau des organisations, offrir des ressources pratiques et surtout permettre le signalement sécurisé des cas de représailles ou de violations.    

Tolotra Andrianalizah