Le président de la République a apporté ses précisions sur le projet Base Toliara, au cœur des débats ces dernières semaines. Il a longuement insisté sur les retombées économiques attendues et n’a pas manqué d’égratigner ses opposants politiques. En revanche, les enjeux environnementaux et sociaux, bien que brièvement évoqués, n’ont été abordés qu’en surface, sans véritables garanties.
Le président de la République Andry Rajoelina a défendu le projet Base Toliara. Comme annoncé en fin de semaine, il s’est adressé à la population à travers une émission spéciale ce dimanche. Pendant un peu plus d’une heure et quart, il a répondu aux questions de la journaliste de la TVM Miora Rakotondravoavy et de sa consœur de TV Plus Fitiavana Donnie Miarisoa. Le président devait apporter son point de vue sur les actualités brûlantes du moment dont le projet Base Toliara.
Andry Rajoelina a principalement avancé les arguments économiques et fiscaux du projet. 180 millions de dollars par an d’impôts à partir de l’année d’exploitation. « Avec trois ou quatre projets comme Base Toliara, Madagascar serait un pays riche », lance le président qui s’est félicité des négociations qu’il affirme avoir menées personnellement. « Si toutes les négociations étaient menées comme celles que j’ai menées avec Base Toliara, nous n’aurions plus besoin de bailleurs de fonds », déclare-t-il en indiquant que développement de Madagascar pourrait partir du sud de l’île grâce à ce projet.
Des manifestations hostiles au projet ont cependant éclaté ces dernières semaines. Le président dénonce des manipulations et n’hésite pas à pointer du doigt des politiciens. « Ce n’est pas avec des muscles qu’on développe un pays, mais avec de l’esprit », glisse-t-il en faisant référence au député de l’opposition élu à Toliara I Siteny Randrianasoloniaiko dont le surnom dans l’arène politique est « Be Hozatse » (musclé). « Ce sont des politiciens minoritaires qui empêchent le développement à Madagascar », renchérit-il.
Impacts environnementaux et sociaux
Au-delà des politiciens, d’autres voix s’élèvent pourtant contre le projet dont des organisations de la société civile. Au cours des dernières semaines, on assiste à une véritable guerre de communication entre les partisans et les opposants au projet qui déplorent les éventuels impacts environnementaux et sociaux. Le président de la République ne s’est pas attardé sur ces questions, pourtant visiblement au cœur des inquiétudes locales, évoquant juste que d’autres exploitations de ce type se font dans d’autres pays sans qu’il y ait mort d’hommes. Il ajoute que l’entreprise américaine Energy Fuels qui exploitera le site est une « entreprise à cheval sur les questions environnementales ».
Il n’a donc donné aucun détail sur les garanties concrètes autour des aspects environnementaux et sociaux censées encadrer l’exploitation du site. La seule assurance formulée à l’antenne se résume à une déclaration d’intention : « Je ne signerai jamais un projet qui tuerait la population malgache ». Une affirmation solennelle, mais qui laisse sans réponse les nombreuses questions sur les mécanismes de contrôle, les compensations ou les obligations précises de l’entreprise en matière de protection de l’environnement et de respect des droits des communautés locales.
Tolotra Andrianalizah