Une nouvelle proposition de loi encadrant la production et la commercialisation du « toaka gasy » (rhum traditionnel malgache) est actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. Cette proposition intervient trois ans après le rejet d’un texte similaire par le Sénat en 2021.
Une version revue et corrigée. Contrairement à la précédente mouture défendue à l’époque par l’ancien élu d’Ikongo Brunnelle Razafitsiandraofa, cette nouvelle proposition de loi met l’accent sur la protection des consommateurs et les normes sanitaires avec 50 articles détaillés. « Cette fois, nous encadrons strictement le taux d’alcool et les risques sanitaires pour éviter intoxications et empoisonnements », explique le député élu dans le district d’Ambositra Liva Rason qui porte la proposition de loi. Si le texte avait été adopté par les députés, il avait été débouté par le Sénat en 2021. Motif du rejet, le non-respect des exigences de santé publique. Aucun décret n’autorise donc cet alcool jusqu’à présent, ce qui n’a pas empêché son apparition décomplexée dans les bars dès le passage du texte en 2021.
Un marché parallèle persistant
Malgré l’interdiction, le toaka gasy reste largement vendu aux yeux de tous. « Dans les zones rurales, notamment dans le Sud, nous manquons de moyens pour contrôler. Là-bas, ce breuvage fait partie des traditions », reconnaît Liva Rason. Vendu entre 5 000 et 7 000 Ariary le litre dans les régions productrices, cet alcool artisanal – souvent non distillé – séduit par son authenticité. « On l’aime pour son goût brut », confie Nomena, un jeune consommateur, tout en admettant les risques pour sa santé.
Pour Imbiky Herilaza, juriste et député élu à Sainte-Marie, une réglementation stricte s’impose. « Il faut contrôler le taux d’alcool et prévenir les intoxications. Une consommation excessive menace aussi la cohésion sociale », lance-t-il
Examiné en commission le 12 mai, le texte sera soumis au vote le 21 mai. Une décision cruciale pour un produit illégal… mais profondément ancré dans les usages.
Valisoa Antsa