Depuis l’ouverture de la session ordinaire à l’Assemblée nationale, il y a trois semaines, la rumeur d’une motion de censure circule dans les couloirs de la chambre basse. Un bruit persistant qui révèle un rapport de force tendu, chaque groupe parlementaire abordant la question selon ses propres lignes de fracture. Le président de l’Assemblée s’est voulu rassurant en marge du dernier conseil des ministres.
C’est en marge du conseil des ministres qui s’est déroulé à Nosy Be que le président de l’Assemblée nationale Justin Tokely est sorti de son silence par rapport aux rumeurs persistantes de motion de censure dans les travées du Palais de Tsimbazaza. Lors d’une allocution, il a fermé la porte à tout scénario de censure. « Dans un pays démocratique, le terme de motion de censure est un rapport de force. Mais ici, la majorité est acquise au régime », assène-t-il. Confiant dans la discipline de son camp, il ajoute que les élus font la force du parti de la majorité. « Si l’un d’eux cède à des influences, ce sera son problème personnel, pas celui de notre groupe parlementaire », poursuit-il en martelant, « Nous suivons les consignes du pouvoir. Déstabiliser le gouvernement ? Impensable ! ».
Du côté de l’opposition, le ton est plus nuancé, mais perceptiblement tendu. Siteny Randrianasoloniaiko, septième vice-président de l’Assemblée nationale, compare la situation à une poudrière. « Personne n’en parle au début, mais quand ça éclate, il est trop tard », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 20 mai. Le parlementaire estime que « la probabilité d’une motion est plus forte aujourd’hui », sans toutefois en détailler les motifs.
L’autre élue de l’opposition, Hanitra Razafimanantsoa confirme des « tensions palpables » parmi les élus, y compris au sein de l’IRMAR et la majorité en général. « Ils se plaignent, mais leur discipline les empêche de s’afficher », souligne-t-elle. Les échanges houleux dans un groupe de discussion privé entre députés – décrit comme « un compte commun » – révéleraient des « disputes récurrentes ». Preuve que la loyauté affichée en public ne reflète pas toujours les réalités de l’hémicycle.
À rappeler que ce n’est pas la première fois qu’une motion de censure à l’encontre du gouvernement se trame à l’Assemblée nationale, mais force est de constater que le gouvernement Ntsay a toujours survécu. La dernière motion de censure engagée contre le gouvernement remonte à décembre 2022, mais elle a été avortée à la dernière minute.
Valisoa Antsa