Les cas d’intoxication alimentaire hantent toujours les esprits. Si l’émotion a d’abord été vive après le premier drame à Ambohimalaza, la manière dont les autorités ont géré la communication de crise interroge.
Dans le premier cas particulièrement médiatisé à Ambohimalaza, la thèse d’un empoisonnement criminel a été rapidement privilégiée menant à l’arrestation de cinq personnes. Le président de la République Andry Rajoelina était intervenu à la télévision nationale pour expliquer que les analyses toxicologiques ne pouvaient être effectuées à Madagascar. Ce qui n’était au départ qu’un fait divers dramatique a pris des proportions nationales lorsque d’autres cas d’intoxication ont été rapportés dans plusieurs régions du pays, à Mahajanga, Toliara, ou encore Ambositra, où des décès et des hospitalisations en série ont été enregistrés. La multiplication soudaine des cas a nourri une certaine psychose collective, amplifiée par l’absence d’un discours clair et structuré de la part des autorités sanitaires mais surtout par le délai de la publication des résultats des premières analyses qui se font toujours attendre.
Le directeur de la protection des consommateurs au sein du ministère de l’Industrialisation et du commerce a indiqué que des produits ont été retirés du marché dans les régions concernées notamment de l’huile en vrac sans donner plus de détail. Pour sa part, le ministère de la Santé publique multiplie les vidéos pour sensibiliser et informer la population sur l’importance de l’hygiène et de la conservation des aliments. Au final, deux semaines après le premier cas, le flou persiste toujours sur les causes réelles de ces intoxications.
Dans ce contexte tendu, un fabricant d’huile alimentaire pointé du doigt a dû publier un communiqué de presse cette semaine pour rassurer les consommateurs, appuyé par le ministère de l’Industrialisation et du commerce. Malgré ce démenti, les produits de cet industriel malgache restaient introuvables dans les rayons d’une chaîne de distribution de la capitale ce dimanche.
Le vide créé par cette communication hésitante est comblé par les rumeurs et les suppositions. Dans le corps médical, l’hypothèse du botulisme revient avec insistance. « Les symptômes décrits jusqu’ici s’apparentent à ceux du botulisme », indique un médecin qui souligne toutefois que seuls les résultats des analysent permettront de statuer.
En attendant, les professionnels de la restauration voient le nombre de leurs clients baisser. Depuis mi-juin, les cas d’intoxication alimentaire dans le pays ont fait au total plus d’une quarantaine de morts.
Tolotra Andrianalizah