À la veille de la seconde session de la commission mixte franco-malgache sur les îles Malagasy (Éparses), plus de 900 organisations de la société civile malgache unissent leurs voix pour exiger la restitution pleine et entière des îles, sans compromis.

« Nous appelons les huit membres de la délégation à défendre sans fléchir l’intérêt supérieur de la Nation, sans compromis », lance la directrice exécutive de Transparency International Initiative Madagascar Mialisoa Randriamapianina. La société civile malgache durcit le ton alors que Madagascar s’apprête à entamer de nouvelles discussions à Paris ce 30 juin sur les îles Malagasy. Dans un communiqué commun, signé par plus de 900 organisations de la société civile, elle réaffirme avec force que ces îles sont une « partie intégrante et inaliénable du territoire de la République de Madagascar ». Pour ces organisations, la poursuite de l’administration unilatérale française constitue une injustice manifeste et est politique inacceptable pour un Etat souverain.

La société civile rappelle que la revendication de Madagascar s’appuie sur les principes du droit international interdisant le morcellement d’un territoire lors de son accession à l’indépendance, confortés par la résolution 1514 de l’ONU relative à la décolonisation.

Une délégation sous pression

La tâche s’annonce ardue pour la délégation malgache qui va mener les discussions en France. La position de l’Hexagone est connue. Si le président Emmanuel Macron a ouvert la porte à une cogestion, il n’a jamais évoqué la possibilité d’une restitution. Le député européen André Rougé, membre du Rassemblement national, s’est quant à lui montré catégoriquement opposé à toute rétrocession, plaidant récemment devant le Parlement européen pour le maintien de la souveraineté française sur ces territoires stratégiques au nom de la préservation de la biodiversité.

Pour le président de l’Alliance Voahary Gasy Ndranto Razakamanarina, la reconnaissance de la souveraineté de Madagascar sur ces iles est un préalable à toutes discussions sur une éventuelle cogestion. Cette figure de la société civile dénonce par la même occasion un « deux poids, deux mesures » dans la diplomatie française, en comparant la situation des îles Malagasy à celle de l’Ukraine face à la Russie. Il pointe du doigt un esprit colonialiste toujours vivace peu importe les présidents qui se sont succédés à Paris.

La société civile appelle l’ensemble des 30 millions de Malgaches à se mobiliser derrière cette cause, considérée comme une affaire de souveraineté nationale mais aussi une affaire de dignité et de justice historique. Elle assure par ailleurs son plein soutien à la délégation.

Dans un autre communiqué, le SECES (Syndicat des enseignants-chercheurs) qui affirme être contre toute forme de cogestion, évoquant une « trahison », appelle à aller plus loin que la seule restitution. Il évoque une compensation financière que la France devrait verser à Madagascar pour les années d’occupation des îles.

Tolotra Andrianalizah

Les membres de la délégation malgache ont été dévoilés ce samedi :

  • Rafaravavitafika Rasata – Ministre des Affaires étrangères
  • Paubert Mahatante – Ministre de la Pêche et de l’Économie bleue
  • Lalatiana Rakotondrazafy – Sénatrice de Madagascar
  • Vice-amiral Antoine de Padoue Ranaivoseheno – Conseiller au ministère de l’Environnement et du Développement durable
  • Djacoba Tehindrazanarivelo – Ambassadeur de Madagascar auprès des Nations unies à Genève
  • Dina Andriamaholy – Secrétaire général adjoint de la Présidence
  • Elisa Rabemananjara – Directrice générale de la coopération internationale au ministère des Affaires étrangères
  • Professeure Lisy Tiana Ranarijaona – Directrice générale de la recherche scientifique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique