Cela a commencé par des tensions discrètes, presque invisibles. Mais en début de semaine, la situation s’est brutalement détériorée transformant les soupçons en panique collective.
Files interminables devant les stations-service, bidons à la main, pompes à sec. La scène se répète dans la capitale depuis le début de la semaine. « J’ai fait le tour de la ville pour trouver une station ouverte, confie un automobiliste embourbé au cœur d’une file d’une trentaine de voitures. Et quand j’en ai trouvé une ouverte, presque tout le monde fait le plein ». Ce qui n’est pas habituel à Antananarivo.
Depuis quelques semaines, la distribution de carburant connaît des perturbations, selon les termes du directeur général de l’Office malgache des hydrocarbures (OMH), Cydolin Raveloson. Officiellement, il n’y a pas de pénurie. Les stocks sont jugés suffisants. Le problème viendrait du transfert depuis Toamasina. D’après Cydolin Raveloson, la société Logistique Pétrolière, en charge du transport, a rencontré des blocages dans ses négociations avec certains transporteurs, sans donner des détails sur la nature du différend.
Les autorités indiquent que des « escortes » ont été organisées avec la gendarmerie pour accélérer le transport sur la RN2 et un retour progressif à la normale est annoncé. En attendant, des stations sont toujours à sec. À la veille de la fête nationale, le ministre de l’Énergie et des hydrocarbures Olivier Rakotomalala avait tenté de rassurer. Il affirmait que les stocks étaient suffisants et qu’aucune rupture n’était à craindre. Mais les images des longues files de véhicules ont semé le doute, puis cette ruée observée depuis lundi.
Face à la montée de l’angoisse, le ministre a de nouveau pris la parole ce mardi en invitant les usagers à conserver une consommation normale. Mais chaque station fermée, chaque file d’attente amplifie une ambiance anxiogène où la parole des autorités a perdu son effet régulateur. Pour l’heure, aucune instruction de rationnement n’a été donnée.
Tolotra Andrianalizah