Le mouvement annoncé pour le 25 septembre a pris une ampleur inattendue. Ce qui, au départ, ressemblait à un appel isolé de trois conseillers municipaux s’est rapidement transformé en un élan populaire. Les réseaux sociaux se sont emparés du mot d’ordre « Leo délestage » traduisant un ras-le-bol flagrant face aux coupures d’électricité et d’eau.

L’étincelle. Il y a une semaine jour pour jour, les conseillers municipaux Alban Rakotoarisoa, Clémence Raharinirina et Lily Rafaralahy avaient lancé l’appel dans une forme de défi à la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafy qui, quelques années plus tôt, avait tenu le même discours concernant la situation. L’arrestation d’Alban Rakotoarisoa et de Clémence Raharinirina, le lendemain, a déclenché une vague de réactions, légitimant une mobilisation. La mobilisation du 25 septembre 2025. Loin de se limiter à une querelle politique, l’appel a été repris et multiplié par des organisations et des citoyens de plus en plus nombreux. Un brasier sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, le leadership du mouvement est devenu flou et une fois n’est pas coutume, les partis d’opposition semblent finalement en retrait, presque spectateurs, face à ce qui ressemble à un véritable soulèvement citoyen.

Cette dynamique ne laisse pas le régime indifférent et la nervosité est palpable au sommet de l’État. Les appels au calme se sont multipliés du côté des personnalités du pouvoir et proches du pouvoir. Comme un symbole, les abords du Sénat à Anosikely, là où tout a commencé, ont été classés zone rouge. L’État-major mixte opérationnel a rappelé que toute manifestation est interdite et a promis d’agir en conséquence.

Quoi qu’il en soit, jamais le pouvoir n’a paru aussi fébrile. Habitué à contenir les manifestations de rue, il se retrouve cette fois face à une contestation d’un autre genre. La différence avec les précédents mouvements réside dans son origine. Bien que les conseillers municipaux en sont les initiateurs, le mouvement du 25 septembre n’émane finalement pas en premier lieu des acteurs politiques mais directement de la population, et surtout des jeunes, qui découvrent la force de leur voix collective. L’enjeu dépasse ainsi la simple question de coupures d’électricité et d’eau. La journée du 25 septembre pourrait devenir le symbole d’une prise de conscience citoyenne où la rue, la vraie, s’invite dans le débat politique, et où le pouvoir comme l’opposition doivent compter avec les citoyens, longtemps sous-estimés, voire méprisés.

Tolotra Andrianalizah