Entre une motion de censure avortée, une scission entre gouvernement et majorité parlementaire ou encore une situation sociopolitique délétère, le régime Rajoelina semble être au bord d’une implosion.

« Rien ne va plus en matière de gestion des affaires étatiques ». Ce sont les cent cinq signataires de la motion de censure à l’encontre du gouvernement Ntsay Christian qui l’affirment. Ils en sont persuadés : « l’équipe actuel du Premier ministre est la seule et unique responsable ». « La mauvaise gouvernance » est arrivée à fragiliser l’unité des fidèles partisans du pouvoir actuel. Et pendant que l’attention de l’opinion publique a été focalisée sur l’aboutissement ou non de la volonté des parlementaires de renverser le gouvernement, les motifs avancés par les députés frondeurs pointent du doigt « une mauvaise gouvernance avérée ». Chose étonnante et qui sort des habituelles séances de flatteries observées durant les face-à-face entre gouvernement et membres de la chambre basse, ceux-ci ont, semble-t-il, pour une fois assumé leur « rôle de contrôle du pouvoir exécutif ». En effet, dans un document de trois pages déposé le 7 décembre dernier, les parlementaires ont tiré à boulets rouges sur le gouvernement pour motiver leur volonté de le destituer « la détérioration du pouvoir d’achat, la non-réalisation du programme générale de l’État, les problématiques liées à l’insécurité, le monopole dans les secteurs vanilles et litchis, le manque de volonté politique d’assoir un environnement favorisant la liberté d’entreprendre ou encore le non-respect de la constitution ». Les députés de Madagascar déplorent également « l’inexistence de politique concrète et suffisamment concertée en matière de restauration ». Si le document est disponible, peu de parlementaires ont osé s’entretenir avec les journalistes. La députée élue dans le district de Vangaindrano, Éléonore Johasy affirme quant à elle que ses collègues subissent plein de pressions… ». Et la parlementaire a sa petite idée sur les raisons du mutisme de ses collègues députés. « Vous en avez peut-être interrogé, aucun n’a pu s’exprimer. Je pense que c’est suffisamment éloquent : ils n’ont plus droit à la parole ni d’exprimer leur véritable position ».

Divergents
Dans le rapport du conseil des ministres du mardi dernier, le président Andry Rajoelina, en réponse à la tentative de motion de censure initiée par les députés, évoque une « tentative de déstabilisation politique ». Pour le numéro un de l’État, dans un ton d’apaisement qui sonne comme un rappel à l’ordre à l’endroit de ses brebis de l’Assemblée nationale : « le pays ne mérite pas l’instabilité alors qu’il existe déjà des difficultés nées des différentes crises successives aussi bien au niveau international que chez nous et qu’il ne faut pas y ajouter une crise politique qui pourrait mettre à mal l’apaisement ». Une façon pour le chef de l’État d’admettre la situation sociopolitique et socio-économique dans laquelle les citoyens malgaches se trouvent actuellement. Situation attribuée toutefois « à des causes extérieures à la gestion étatique » contrairement à ce qu’ont avancé les députés. Par ailleurs, du côté des parlementaires, l’ambiance irait de la résignation à la frustration en passant par la déception. D’autant plus que les parlementaires signataires de la motion de censure contre le gouvernement auraient été convoqués, pour se faire remonter les bretelles, à l’Arena Ivandry. Le savon qu’on leur a passé confirmerait « le piétinement du Parlement », motif de la motion de censure, selon certains députés.

Avec une telle ambiance électrique, l’on se demande comment va se dérouler la prochaine face-à-face parlementaires-gouvernement. Enfin, s’il y en aura étant donné que les « honorables » ont boudé celle prévue la semaine prochaine. À suivre.

Lumen