Le forum de la société civile qui se tient actuellement en marge du sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe rappelle l’importance du rôle de la société civile dans la définition des orientations de la région.

« Institutionnaliser l’engagement en soulignant la nécessité d’accélérer la mise en œuvre, la formalisation et l’efficacité de la participation des organisations de la société civile dans les processus et structures institutionnels de la SADC ». Voilà l’un des objectifs annoncés du forum de la société civile de la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui se déroule actuellement à Antananarivo sur le thème « Revitaliser la SADC que nous voulons ».

Le secrétaire exécutif du Southern African Council of Non-Governmental Organisations (SAf-CNGO) Lebogang Kenneth Mabotho rappelle que la mise en place d’un mécanisme au sein de la SADC pour la participation de la société civile dans les processus décisionnels a été approuvée par le conseil des ministres du bloc régional en 2022. Les lignes directrices pour le processus d’opérationnalisation du mécanisme ont par ailleurs été lancées en mars de l’année dernière. L’opérationnalisation proprement dite a cependant été repoussée par deux fois, lors du sommet à Harare en aout 2024 et plus récemment lors de la réunion du conseil à Antananarivo. « Il a été décidé un nouveau délai, cette fois jusqu’en mars 2026. Nous attendons donc une décision en mars 2026, indique Lebogang Kenneth Mabotho. Les organisations ici présentes continueront d’échanger avec les parties prenantes concernées pour plaider en faveur de l’adoption et de la pleine opérationnalisation du mécanisme ».

Concrètement, ce mécanisme servira de pont formel entre les structures de la SADC et les acteurs non gouvernementaux, permettant une participation effective de la société civile à la gouvernance régionale aussi bien dans la mise en œuvre que dans la conception des politiques. Lors du lancement du forum à Antananarivo, la secrétaire exécutive de la Plateforme Nationale des Organisations de la Société Civile de Madagascar (PFNOSCM) Elisa Razafiniarivo lance que dans le contexte actuel, le rôle de la société civile est primordial, en tant qu’acteur incontournable de la vie publique pour faire entendre la voix des citoyens, des communautés de bases et des couches vulnérables. « Nous sommes ici pour réfléchir, revendiquer haut et fort et sans détour en faveur du respecter les Droits Humains et des Droits fondamentaux, ainsi que pour la bonne gouvernance,  qui sont parmi les paramètres pour pouvoir contribuer réellement au développement durable et à la consolidation de la paix dans notre pays et dans la région de la SADC », déclare-t-elle dans son discours. Pour sa part, le représentant adjoint de l’Unicef à Madagascar Gilles Chevalier souligne que la société civile qui est fortement présente dans la région peut faire partie de la gouvernance de la SADC. « La force de la société civile réside à la fois dans sa capacité à influencer les décisions en alertant les responsables sur les réalités du terrain, et dans son rôle de garant de la démocratie en évaluant l’efficacité des politiques menées », soutient-il.

Co-construire les politiques

Au niveau national, chaque pays avance à son rythme dans la formalisation de la participation de la société civile. À Madagascar, les acteurs de la société civile continuent de plaider pour la mise en place du Conseil économique, social et culturel, prévu par la Constitution mais jamais concrétisé. Ils espèrent que sa création sera inscrite à l’ordre du jour de la prochaine session parlementaire. En Afrique du Sud, un cadre de dialogue formel existe déjà. Zintle Tsholwana de Gender Links qui participe au forum salue cette ouverture en regrettant toutefois les lacunes dans la mise en œuvre des politiques. « Un exemple de politique issue de la société civile est le Plan stratégique national de lutte contre le sida. C’est une illustration de son rôle dans la conception des politiques publiques. Mais le véritable défi reste la mise en œuvre. Il est toujours positif d’avoir une politique bien rédigée sur le papier, mais sur le terrain, son application fait défaut », déplore-t-elle.

Se déroulant jusqu’au 22 aout, le forum de la société civile de l’Afrique australe permet aux organisations venues de toute la région de partager leurs expériences. Parmi les thèmes abordés la réduction de l’espace civique, la promotion du genre, la protection de la mère et de l’enfant, les droits des minorités sexuelles et le climat entre autres.Tolotra Andrianalizah