Alors que l’Africa Growth Opportunity Act touche à sa fin et que les droits de douane américains frappent déjà, le continent se trouve à la croisée des chemins. La Zone de libre-échange continentale africaine offre une alternative concrète pour renforcer l’intégration régionale et réduire la dépendance aux décisions extérieures.
Les tractations pour le renouvellement de l’Africa Growth Opportunity Act (AGOA) qui prend fin ce mois-ci se multiplient. La semaine dernière, une mission de l’Union africaine a mené un atelier stratégique dans ce sens avec la participation de l’ambassadrice de Madagascar aux États-Unis et co-présidente du sous-comité AGOA Lantosoa Rakotomalala. Par ailleurs, du 6 au 13 septembre, une délégation malgache se rendra à Washington toujours pour défendre la continuité de l’accord. Quoi qu’il en soit, les récents droits de douane imposés par l’administration Trump, dont un taux de 15 % pour Madagascar, ont déjà marqué en pratique la fin du dispositif. Cette situation souligne la dépendance de nombreux pays africains à l’égard de décisions prises à l’extérieur.
Si au cours des vingt dernières années, certains pays, dont Madagascar, ont exploité les opportunités offertes par l’AGOA, le contexte mondial a évolué avec la montée du protectionnisme ou encore la disruption des chaînes d’approvisionnement. Le changement de cap aux Etats-Unis en est un exemple poignant, mettant en émoi pratiquement tout le continent. D’une manière ou d’une autre, ces développements obligent les pays africains à repenser leurs stratégies commerciales.
Comme l’a souligné le président du Botswana Duma Boko lors du sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à Madagascar, le continent reste vulnérable aux changements d’humeur des grandes puissances qui font la pluie et le beau temps sur le commerce africain. Dans un discours enflammé, il a prôné une meilleure intégration du bloc régional et par extension du continent. Avec la menace de la fin de l’AGOA, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) apparaît comme une alternative qui s’offre à l’Afrique. Avec plus de 50 pays participants, elle constitue la plus grande zone de libre-échange au monde en termes de nombre de membres. Pour ses défenseurs, elle offre aux États africains la possibilité de créer des chaînes de valeur régionales, de stimuler la production locale et de réduire la dépendance aux marchés extérieurs.
Les défis sont toutefois nombreux entre les infrastructures logistiques à renforcer, les régulations commerciales à harmoniser ou encore la différence entre le niveau de développement sur le continent. Avec la présidence de la SADC entre ses mains, Madagascar a une carte à jouer pour influencer le commercial régional, voire continental.
Tolotra Andrianalizah