L’avocat des familles des victimes du drame d’Ambohimalaza a vivement critiqué les déclarations du président Andry Rajoelina et du gouvernement lors de l’émission spéciale diffusée le 24 juillet dernier sur la TVM.
Une ingérence dans l’enquête en cours. Maître Eric Rafidison, représentant des familles endeuillées, estime que l’intervention du chef de l’État et de quelques ministres membres du gouvernement, constitue une « violation du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence » et une « atteinte à la séparation des pouvoirs » . « L’enquête n’est pas encore terminée, le procès n’a pas encore eu lieu, mais déjà le président et ses ministres confirment leur version des faits », déplore l’avocat lors d’une conférence de presse tenue ce samedi avec les familles des victimes.
À ce jour, trois suspects sont en détention provisoire dans cette affaire d’empoisonnement collectif qui a secoué le pays. L’enquête se poursuit dans un climat de méfiance croissante des familles envers les autorités judiciaires.
Les proches des 33 personnes décédées lors de cette tragédie s’interrogent sur les motivations derrière cette émission spéciale. « Pourquoi tant d’efforts pour protéger Fenohasina, l’hôte de l’anniversaire ?», demandent-ils entre autres. Un mois après les faits, ni Fenohasina ni sa mère n’ont encore été entendues par la justice, malgré les plaintes déposées par les familles le 18 juillet dernier. Fenohasina et sa mère qui font l’objet de plaintes des familles des victimes. « Les autorités semblent avoir déjà tiré des conclusions. Nous méritons des informations détaillées sur ce qui a vraiment tué nos proches », déplore avec amertume Tojo, frère de deux victimes, Nombana et Onja, estimant que l’enquête n’est pas menée de manère sérieuse.
Lors de l’émission spéciale, le ministre de la Santé publique, le Pr Zely Randriamanantany, avait affirmé que l’intoxication massive était due à des donuts volontairement empoisonnés avec un mélange de Belladone, de Datura et d’autres comprimés. Une version qui ne satisfait pas les familles des victimes.
Maître Rafidison soulève plusieurs incohérences dans cette affaire. « Pourquoi aucune autopsie complète n’a été réalisée sur toutes les victimes ? Comment expliquer que seules les vomissures d’une seule personne aient été analysées (à Madagascar et à l’étranger) alors que 30 autres victimes sont décédées ? ».
Les familles maintiennent leurs soupçons sur Fenohasina et sa mère, qui n’ont toujours pas été convoquées par le tribunal d’Anosy. Le procureur général Narindra Rakotoniaina justifie ce retard, lors de l’émission spéciale, en invoquant l’état de santé encore fragile de Fenohasina, « incapable de supporter un interrogatoire ».
Si la volonté affichée du gouvernement durant l’émission était de clore ce chapitre, c’est loin d’être gagné. L’affaire demeure un sujet brûlant dans le pays. L’audience publique à Anosy s’annonce d’ores et déjà électrique.
Valisoa Antsa