Face au drame d’Ambohimalaza, le gouvernement reste enfermé dans sa version initiale et se retranche derrière le secret de l’instruction. Son refus d’en dire plus nourrit l’incompréhension.

« Pas de botulisme ». C’est devenu le leitmotiv de la communication du gouvernement dans le cadre de l’affaire Ambohimalaza. La dernière intervention en date a eu lieu lors d’une visite médiatisée des ministres de la Santé et de la Communication à l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA) dans la soirée de samedi, où neuf des victimes sont encore en traitement d’après les chiffres officiels. Le ministre de la Santé, Pr Zely Randriamanantany, s’est appuyé cette fois sur les symptômes des malades pour convaincre qu’il ne s’agit pas de botulisme. D’après lui, les manifestations de l’intoxication relevées chez les victimes permettent d’écarter cette hypothèse. Il a cité, entre autres, les problèmes hépatiques, rénaux ou encore cardiaques dont ont souffert les patients, et qui, selon lui, ne se rencontrent pas dans une infection botulinique.

Un deuxième laboratoire

L’hypothèse de l’empoisonnement défendue par le gouvernement a été mise à mal ces derniers jours par les correspondantes de TV5 Monde et de Radio France Internationale, Gaëlle Borgia et Pauline Le Troquier, qui ont révélé que le laboratoire choisi par les autorités pour analyser les échantillons n’était pas en capacité de détecter la toxine botulinique. Il a d’ailleurs fallu l’enquête menée par ces deux journalistes pour connaître l’identité de ce laboratoire.

Les informations incomplètes fournies par le gouvernement dans cette affaire ont eu pour effet d’entretenir un climat de méfiance, voire de défiance, d’une partie de l’opinion, mais surtout des familles des victimes, à l’égard des autorités. Symptomatique de cette opacité, le nom du poison qui reste tu par le gouvernement au nom du secret de l’instruction. Lors de sa déclaration, le ministre a indiqué que le gouvernement avait sollicité un deuxième laboratoire pour effectuer de nouvelles analyses. Une fois de plus, le nom de ce laboratoire n’a pas été communiqué. « Les résultats ont été envoyés au tribunal pour les besoins de l’enquête », a-t-il précisé.

Intervenue sur le plateau d’une chaîne malgache, Gaëlle Borgia a justifié l’enquête qu’elles ont menée pour faire la lumière sur cette affaire, face aux nombreuses zones d’ombre entretenues par les autorités. Elle a surtout souligné le danger que représenterait une éventuelle épidémie de botulisme dans le pays, rappelant que d’autres cas d’intoxications alimentaires ont eu lieu dans d’autres localités. Pour la journaliste, « les morts sont criminelles si jamais il s’agit de botulisme ». Pour sa part, Pauline Le Troquier se demande pourquoi ne pas écarter une bonne fois pour toute le botulisme à travers une analyse en laboratoire afin de soigner plus efficacement les malades mais aussi pour prévenir d’autres cas. Pendant ce temps, le décompte macabre se poursuit. cette fin de semaine, deux nouveaux patients ont perdu la vie, portant à trente-un le nombre de morts dans l’affaire Ambohimalaza.  

Dans une lettre ouverte, le député Siteny Randrianasoloniaiko dénonce le manque de transparence du gouvernement dans cette affaire en précisant que d’autres cas ont également eu lieu en dehors d’Antananarivo.

Tolotra Andrianalizah