La Refondation est plus que jamais au cœur de la politique générale du régime transitoire actuel. Sa mission principale est d’organiser les consultations nationales et des élections crédibles, en vue d’un transfert de pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu sous une nouvelle Constitution. Le délai est de vingt-quatre mois au maximum. Pas un de plus.

La politique générale de l’Etat présentée ce jour à l’Assemblée nationale par le premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo recadre les attentes d’une population qui projette beaucoup sur ces deux années de transition. Depuis son accession au pouvoir, l’équipe du colonel Michael Randrianirina croule sous les revendications en tout genre. La présentation du premier ministre a quelque peu remis de l’ordre dans tout cela à travers les orientations politiques de son gouvernement. Réaliste compte tenu du délai imparti, la première orientation consiste à « répondre aux urgences et stabiliser la nation ». L’idée est de soulager immédiatement la vie quotidienne de la population sur les plans social, économique et de gouvernance. C’est à ce niveau qu’intervient la réduction des coupures d’électricité et d’eau, mais également la lutte contre l’insécurité la stabilisation des prix et le soutien aux entreprises. Herintsalama Rajaonarivelo insiste toutefois sur la lutte contre la corruption, qu’il a d’ailleurs répété.

Un rôle majeur pour Hanitra Razafimanantsoa

L’essence même de la transition réside finalement dans les deux dernières orientations politiques avec les réformes structurelles pour une « refondation totale » et l’organisation des élections crédibles, transparentes et inclusives. Longtemps opaques pour la population et les observateurs, la mission du ministère d’Etat en charge de la Refondation avec sa tête Hanitra Razafimanantsoa se précise. Le colonel Michael Randrianirina a souligné l’importance de ce département lors de son intervention télévisée dans la soirée de dimanche. Il reviendra à la ministre d’État, première dans l’ordre protocolaire après le Premier ministre, de mener à bien la concertation nationale sous l’égide du Conseil œcuménique des Églises chrétiennes (FFKM). Celle-ci devra aboutir à l’élaboration de la nouvelle Constitution et à la révision des textes électoraux.

Les acteurs politiques et la société civile auront un rôle important à jouer dans le processus aux côtés du FFKM. Cela rejoint les déclarations du colonel Michael Randrianirina qui a indiqué dimanche que la concertation nationale est ouverte à toutes les forces vives de la nation. La société civile pour sa part attend beaucoup de ces discussions pour définir la feuille de route de la transition. Le Premier ministre a d’ailleurs précisé que la politique générale de l’État est susceptible d’ajustements en fonction des résolutions de la concertation nationale, qui, d’après le chronogramme du plan de mise en œuvre, devrait intervenir dans les six prochains mois.

Une 2027, une année électorale

La réforme du cadre légal et institutionnel des élections interviendra au cours du second semestre. A la clé, l’adoption des projets de révision complète des textes relatifs aux élections et aux partis politiques et la sécurisation du processus électoral. Cela passera également par le renforcement de l’indépendance de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a cristallisé les critiques durant les dernières échéances. Pour rappel, la société civile n’a eu de cesse de réclamer cette réforme après chaque élection. Des appels tombés dans les oreilles sourdes de l’ancien régime avec les conséquences qu’on connait.

L’année deux de la transition sera marquée par des élections avec en premier le référendum constitutionnel dans les cinq premiers mois, suivi de ce qui sera l’aboutissement de la Refondation, la présidentielle qui proclamera celui qui sera le premier président de la Cinquième République.

Charge au pouvoir de convaincre les partenaires techniques et financiers du pays d’adhérer au processus compte tenu la situation critique des caisses de l’Etat. Au cours de la première année, le gouvernement s’attèlera à mobiliser les ressources pour ces deux élections. Dans cette optique, la réussite de la concertation nationale sera cruciale pour une transition qui jouera à la fois sa crédibilité et sa légitimité.

Tolotra Andrianalizah