Deux mois pour convaincre. Le président de la Refondation de la République a fixé une période d’essai aux membres de son gouvernement. Mais sans indicateurs de performance clairement définis, la société civile s’interroge sur la portée réelle de cette évaluation et sur la crédibilité de la rupture annoncée.
Lors de son allocution, le président de la Refondation de la République, le colonel Michael Randrianirina, a promis que la transition s’attellerait à trouver des solutions rapides aux maux actuels de la société, entre autres l’énergie, la sécurité, la santé, la corruption, et le climat d’investissement. Une feuille de route ambitieuse, placée sous le signe de l’austérité.
La pression est déjà forte sur les membres du nouveau gouvernement. Les déparements de l’Énergie et de l’Eau seront les premiers dans le collimateur de l’opinion. Les ministres Ny Ando Ralitera et Anjaratiana Razafindrianiaina devront répondre, à très court terme, aux coupures d’électricité et d’eau qui ont récemment jeté les citoyens dans la rue, sous l’impulsion du trio Rakotoarisoa-Raharinirina-Rafarahaly. Le chef de l’État a annoncé que les ministres seront évalués après deux mois, agitant déjà la menace d’une éviction en cas d’échec.
« Mais évalués sur quels indicateurs ? », s’interroge Harijaona Andriamoraniaina de la société civile qui plaide pour la tenue rapide d’assises nationales afin de définir une feuille de route claire et des tableaux de bord pour mesurer l’efficacité de l’action gouvernementale. En attendant, il estime que la volonté de rupture pourrait déjà se manifester à travers des avancées législatives avec l’adoption de la loi sur la protection des défenseurs des droits humains et des lanceurs d’alerte, de la loi sur l’accès à l’information publique, de la loi créant le Conseil économique, social et culturel, ainsi que la mise à jour des lois de règlement pour une exécution plus transparente du budget de l’État. Il évoque aussi l’augmentation des budgets des collectivités territoriales, le suivi des recommandations de la Cour des comptes et l’ouverture des licences pour les télévisions et radios.
La société civile veille au grain et l’a déjà fait savoir. Elle déplore notamment déjà un manque de concertation dans la formation du gouvernement. Le colonel Michael Randrianirina assure pourtant que des consultations préalables ont été menées, avant d’expliquer que la gravité de la situation du pays a contraint l’exécutif à accélérer la cadence. Il promet toutefois de garder la porte ouverte aux forces vives de la nation, notamment pour la mise en place des stratégies de refondation, la rédaction d’une nouvelle Constitution et la réforme des textes électoraux.
Tolotra Andrianalizah


