Il a fallu attendre treize jours pour avoir un chiffre officiel de l’exécutif concernant les morts dans le cadre des manifestations qui secouent le pays depuis le 25 septembre.

Au moins vingt-deux morts et des centaines de blessés. Ces chiffres avancés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) le 29 septembre ont fait grincer des dents au sein du régime à Madagascar. Le ministère des Affaires étrangères a immédiatement et fermement démenti ces informations en soulignant qu’elles relevaient de rumeurs et de désinformation. « Aucun chiffre officiel ne corrobore ce bilan », peut-on lire dans la réponse du ministère. Mais jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement n’a pas été capable ou n’a pas jugé utile de sortir un décompte officiel des victimes durant ces manifestations qui continuent de secouer le pays. Plusieurs journalistes ont tenté d’avoir un bilan mais se sont heurtés à chaque fois au silence des responsables. Il y a encore deux jours, le conseiller du président de la République Patrick Rajoelina a ignoré la question sur le plateau de France 24, en insistant sur le fait que les chiffres de l’HCDH étaient erronés.

Il a fallu attendre ce mercredi 8 octobre pour avoir un bilan officiel, annoncé par le président Andry Rajoelina. Interrogé par les journalistes de Réunion la 1ère à la sortie de sa rencontre avec les « forces vives » de la nation, le locataire d’Iavoloha indique qu’« officiellement » douze personnes ont trouvé la mort depuis le début des manifestations. « La plupart, l’ensemble de ces gens sont des pilleurs. Ce sont des casseurs », souligne-t-il. Andry Rajoelina va plus loin dans ses précisions en évoquant l’étudiant décédé à Antsiranana qui, selon lui, était pris en flagrant délit dans une bijouterie. Pour rappel, le corps de ce jeune avait été porté par ses camarades dans une marche funèbre à travers la ville. Les images du cortège avaient fait le tour des réseaux sociaux, indignant davantage les manifestants qui dénoncent une répression violente de la part des forces de l’ordre.

Le rétablissement de l’ordre et la sécurité est justement présenté comme la priorité absolue de l’actuel gouvernement selon le président avec à sa tête un militaire, le général Ruphin Zafisambo. Partiellement formé pour l’heure, le gouvernement a vu la constitution des premiers départements qui concernent d’ailleurs la défense et la sécurité.

Tolotra Andrianalizah