Deux actions en parallèle ont été menées ce 14 octobre indique le député Fidèle Razara Pierre. L’une par les élus et l’autre par le désormais conseil militaire. Récit d’une journée riche en rebondissements soldée par la prise de pouvoir surprise du Colonel Michael Randrianirina.
La Place du 13 mai a donné 48 heures aux députés pour destituer le président de la République. Cette journée du 14 octobre s’annonçait alors décisive.En fin de matinée, c’est l’effervescence dans les couloirs de l’Assemblée nationale à Tsimbazaza. L’histoire est en train de s’écrire. Les députés ralliés à la cause des manifestants sur la Place du 13 mai s’attèlent à récolter les signatures pour pouvoir tenir une session extraordinaire. C’est chose faite vers midi quand la présidence de la République lance ce qui s’apparente à sa dernière cartouche : la dissolution de l’Assemblée nationale.
L’annonce a fait l’effet d’une bombe au sein des élus, qui se sont immédiatement réunis à huis clos. À la sortie de la salle, le député Siteny Randrianasoloniaiko, non moins chef de l’opposition à l’Assemblée nationale, indique que le décret n’a aucune valeur dans la mesure où le président de l’Assemblée nationale n’a pas été consulté. Il déclare que la réunion en vue de voter la motion d’empêchement du président peut avoir lieu.
131 députés ont voté. 130 ont dit oui. Un s’est abstenu. Vers 15 h, Siteny Randrianasoloniaiko, qui a présidé la séance, proclame l’empêchement d’Andry Rajoelina. C’est la liesse dans l’hémicycle. Il a été décidé que le résultat soit immédiatement apporté à la Haute cour constitutionnelle pour être validé.
Pratiquement au même moment, les militaires du CAPSAT, emmenés par le Colonel Michael Randrianirina, font savoir sur la place du 13 mai que l’heure est venue de prendre leurs responsabilités. « Quatre jours sont passés depuis samedi. C’est long, parce que le pays s’appauvrit.
Nous avons attendu durant ces quatre jours (…) Le président est absent. Le président du Sénat s’est enfui. Le gouvernement n’a que trois ministres. Le pays n’a plus de dirigeants. Nous allons prendre nos responsabilités ! », scande-t-il devant une foule en délire.
Le nouveau président
À 16 h, le Colonel Michael Randrianirina se retrouve dans la cour du palais présidentiel d’Ambotsirohitra pour faire une déclaration où il annonce la dissolution du Sénat, de la Haute cour constitutionnelle, de la Commission électorale nationale indépendante, de la Haute cour de justice et du Haut conseil pour la défense de la démocratie et de l’État de droit. L’Assemblée nationale est, par contre, maintenue. Le Colonel Michael Randrianirina assure que la période de renouveau durera deux ans au maximum, durant laquelle se tiendra un référendum pour une nouvelle Constitution et les différentes élections pour mettre en place les futures institutions.
À 17 h 45, un communiqué de la Haute cour constitutionnelle constate la vacance des postes du président de la République et du président du Sénat, ainsi que l’impossibilité du gouvernement de remplir les fonctions de président de la République. Elle « invite l’autorité militaire compétente, incarnée par le Colonel Michael Randrianirina, à exercer les fonctions de chef de l’État ». Il prend alors la tête d’un conseil militaire qui assurera la présidence du pays durant cette période transitoire.
Dix minutes plus tard, la page de la présidence de la République publie un communiqué qui dénonce une « tentative de coup d’État », en précisant que le président Andry Rajoelina « demeure pleinement en fonction ».
Mais c’est bien en tant que chef de l’Etat que le Colonel Michael Randrianirina retourne triomphant au CAPSAT en fin début de soirée, s’offrant au passage un bain de foule. Se voulant rassurant, il indique que la prochaine étape est de trouver un premier ministre de consensus accepté par la génération Z. Des rencontres avec les forces vivent de nation dont d’ailleurs les jeunes ont ensuite eu lieu avant une réunion avec les députés qui ont voté la motion d’empêchement. Les échanges ont duré plus de quatre heures.
Le député Fidèle Razara Pierre résume la journée en indiquant que deux actions en parallèle ont été menées. La première étant la motion d’empêchement à l’Assemblée nationale, et la seconde, le conseil militaire descendu sur la place du 13 mai puis allé à Ambotsirohitra. L’élu souligne que ces actions ont été complémentaires. « Le conseil militaire, quand il a vu l’évolution de la situation, il a pris ses responsabilités au cas où la motion ne serait pas passée. Motion ou pas, ils auraient pris leurs responsabilités. Notre mission étant accomplie, les actions sont devenues complémentaires »
La suite, pour les députés, c’est la mise en place du bureau permanent, un nouveau bureau permanent, sans ceux qui n’ont pas voté précise l’élu.
Tolotra Andrianalizah