Entre rappel à l’ordre constitutionnel et invitation à repenser les fondements politiques du pays, l’Organisation des Nations unies envoie un message à double lecture à Madagascar.
A la veille de l’investiture du colonel Michael Randrianirina à la tête de la transition, baptisée « Refondation de la République », l’ONU condamne le changement anticonstitutionnel de gouvernement et appelle au retour à l’ordre constitutionnel et à l’Etat de droit. Sans évoquer pour le moment de sanctions, l’ONU indique prendre note de la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de suspendre avec effet immédiat la participation du pays à toutes les activités de l’Union jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Le colonel Michael Randrianirina n’a pas échappé à la question sur des éventuelles sanctions hier matin. Nullement impressionné et presque décontracté, il répond qu’il est normal que l’Union africaine prenne cette décision. Le contraire l’aurait étonné indique-t-il. Il ajoute que des négociations auront lieu pour plaider la cause du pays. Le colonel Michael Randrianirina a toujours nié que son arrivée au pouvoir soit le fruit d’un coup d’Etat. Les efforts entrepris depuis visent justement à donner une forme de « constitutionnalité » à la démarche. Le plus récent en date est le rétropédalage sur la déclaration du 14 octobre, indiquant la dissolution de plusieurs institutions dont la Haute cour constitutionnel et le Sénat, une manière de remettre les pieds dans la légalité. Une nouvelle étape sera franchie aujourd’hui avec son investiture.
Quoi qu’il en soit, dans la deuxième partie du communiqué, l’ONU « encourage toutes les parties prenantes malgaches, y compris la jeunesse, à œuvrer ensemble pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité dans le pays ». Des propos qui peuvent être perçue comme une reconnaissance de la légitimité du mouvement entamé le 25 septembre et qui a conduit à la chute d’Andry Rajoelina. Dans ce sens, le colonel Michael Randrianirina a d’ailleurs déjà affirmé que la tenue d’élection dans les délais prescrits par la HCC ne serait pas possible. Il a rappelé combien les derières échéances dans le pays ont été contestées, la Commission électorale nationale indépendante cristallisant toutes les critiques.
La société civile se veut tout aussi optimiste quant à une issue « défendable » vis-à-vis des partenaires internationaux mais sous certaines conditions dont la définition d’une feuille de route opérationnelle de la Transition et la mise en place d’un système de suivi, d’évaluation, de transparence et de redevabilité des engagements pris. Pour la société civile, le premier ministre doit être un civil et doit s’engager à ne pas se présenter aux prochaines élections. Elle croit à un processus entièrement malgache et exhorte l’autorité nouvellement en place à organiser un dialogue national inclusif avec l’ensemble des parties prenantes pour mettre en place les structures de conduite et de suivi de la transition.
Tolotra Andrianalizah