Valéry Ramonjavelo n’est plus le ministre du Transport et de la météorologie. Il a été limogé à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire. Ce débarquement intervient en pleine affaire des Boeing 777 provisoirement immatriculés à Madagascar et détournés vers l’Iran. Le Premier ministre Christian Ntsay assure l’intérim à la tête du ministère.

 « Le gouvernement s’est senti véritablement dupé, car l’immatriculation malgache a été utilisée de façon illégale ». Cette phrase, prononcée par Valéry Ramonjavelo lors de sa conférence de presse la veille de son limogeage, résume à elle seule l’ampleur du scandale.

Les cinq Boeing 777, aujourd’hui dans la flotte de la compagnie iranienne Mahan Air, avaient été enregistrés temporairement à Madagascar. La situation est d’autant plus sensible que l’Iran est soumis à de sévères restrictions internationales, notamment sur l’acquisition d’avions auprès de Boeing et Airbus. Ce qui n’a pas empêché l’apparition d’un modèle d’acquisition indirect par le biais de pays tiers, ici Madagascar.

Déjà fragilisé par le drame d’Ambohimalaza, l’exécutif se retrouve à nouveau embourbé, cette fois dans un scandale à ramifications internationales. Après leur départ du Cambodge, les avions ont coupé leur transpondeur en survolant l’Afghanistan, ne réapparaissant qu’au-dessus de l’Iran. Le schéma évoque un modus operandi bien rodé, dans lequel la Grande Île apparaît comme un maillon de la chaine.

Face à la pression, la ligne de défense du ministre vacille. Si Valéry Ramonjavelo avait tenté de se dédouaner publiquement en insistant sur une « trahison », les critiques notamment celles de l’ancienne présidente du CA d’Air Madagascar Rinah Rakotomanga n’ont cessé de s’intensifier. Lors d’une conférence de presse tenue la veille de son abrogation, il a expliqué qu’en novembre 2024, un opérateur local avait approché le ministère en indiquant avoir trouvé un investisseur étranger qui dispose d’aéronefs pouvant être exploités sur les lignes internationales à Madagascar. Il a confirmé l’octroi d’un certificat d’immatriculation provisoire (CIP) aux avions afin qu’ils rejoignent le Kenya pour remise en état.

Le 20 juin, l’ACM reçoit un courrier du Cambodge signalant la présence d’aéronefs immatriculés à Madagascar. Les documents malgaches transmis étaient en réalité des faux selon le ministre, confirmant les dires de l’ACM quelques jours plus tôt, expliquant que le CIP avait expiré. Valéry Ramonjavelo disait alors avoir été « surpris » de leur arrivée en Iran. Deux hommes sont actuellement recherchés, identifiés comme cadres de la société UDAAN, enregistrée à Madagascar et pointée du doigt par l’ACM dans cette affaire.

Face au tollé, l’exécutif a réagi par cette abrogation, espérant sortir le gouvernement de la zone de turbulences où il se trouve actuellement. Mais cela suffira-t-il dans un climat de défiance installé, amplifié par l’affaire Ambohimalaza ?

Tolotra Andrianalizah