Quelques jours après sa prestation de serment, Thierry Rakotonarivo prend la tête de la Commission électorale nationale indépendante. Il est appelé à incarner le renouveau dans une commission qui a cristallisé les critiques au cours des dernières années.

15h00, les journalistes sont conviés à Alarobia pour une conférence de presse. Les journalistes de plusieurs stations ont répondu à l’appel, curieux de savoir ce que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a à dire à la veille du lancement de la concertation nationale. Dans la grande salle de la commission, le personnel est réuni dans une ambiance qui se veut solennel. Le suspense est vite levé quand la maitresse de la cérémonie annonce le programme du jour : la passation entre le président entrant et le président sortant de la commission. Nul doute. Thierry Rakotonarivo accède à la présidence de la CENI.

Dans son discours, son prédécesseur Arsène Dama indique avoir démissionné au nom de la refondation pour laisser place au renouveau appelé lors des manifestations qui ont conduit à la chute d’Andry Rajoelina. L’histoire retiendra un régime Rajoelina étroitement associé aux déboires d’une CENI décriée presque à chaque échéance électorale des municipales aux législatives en passant par la dernière présidentielle, boycottée d’ailleurs par les candidats de l’opposition. Même la refonte de la liste électorale n’a pas échappé aux soupçons. Pour beaucoup de manifestants, dont ceux du mouvement de la Gen Z, la CENI est une des structures qui ont permis de maintenir Andry Rajoelina au pouvoir. Grande fut l’incompréhension lorsque la Haute cour constitutionnelle (HCC), également décriée, a maintenu les institutions dont la CENI en poste.

Patte blanche

Quelques heures avant la passation, la légitimité de ces institutions a encore était remise en question par la société civile. « C’est la loi qui met en place la CENI. Si nous restons dans la légalité, la CENI poursuit sa mission », lance Thierry Rakotonarivo. Conscient de cette défiance, il tente de rassurer en annonçant plusieurs mesures, promettant même des sanctions si nécessaire. « Nous allons nettoyer les élections. Il n’y aura pas d’amélioration de l’organisation des élections sans un grand nettoyage au préalable », indique-t-il en lançant un appel à la société civile à cet effet. Concernant la liste électorale, il annonce un audit indépendant dont les résultats seront désormais communiqués contrairement aux pratiques passées.  

Thierry Rakotonarivo souligne que la CENI participera activement à la concertation nationale afin d’apporter son expertise aux révisions des textes électoraux. La réforme du cadre institutionnel et la révision des lois électorales figurent d’ailleurs parmi les trois grandes orientations politiques de la Refondation, inscrites dans la politique générale de l’État. Il n’écarte pas la possibilité que l’actuelle CENI organise les futures élections, dont le référendum constitutionnel et la présidentielle, tout en précisant que cette décision dépendra des conclusions des assises nationales.

Thierry Rakotonarivo s’est fait remarquer en 2020 lorsqu’il a lancé un pavé dans la mare en évoquant l’existence de doublon dans la liste électorale. Alors vice-président de la CENI, il s’était exprimé dans une période où la CENI, sous la précédente équipe, était déjà sous le feu des critiques. Quelques jours après cette sortie, cet administrateur civil avait démissionné. Reste à savoir si l’accession à la tête de la CENI de cette personnalité suffira à calmer la défiance envers cette institution. Premiers éléments de réponse à l’ouverture de la conférence nationale.

Nouveau bureau permanent :

  • Thierry Rakotonarivo, président de la CENI
  • Andoniaina Andriamalazaray, premier vice-président
  • Jeannot Razafindraibe, deuxième vice-président
  • Tiana Randrianarivonantoanina, troisième vice-président
  • Roger Marc Fidimiafy, premier rapporteur
  • Jacques Michaël Ravalitera, deuxième rapporteur
  • Arsène Dama, premier conseiller
  • Soava Andriamarotafika, deuxième conseiller
  • Laza Rabary Razafimamonjy, troisième conseiller

Tolotra Andrianalizah