Le lancement officiel de la concertation nationale s’est tenu sous la houlette du Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar au Centre de conférence international d’Ivato. Une cérémonie solennelle où les responsables religieux et gouvernementaux ont multiplié les appels à la participation et à la responsabilité collective. Au même moment, des jeunes qui ont manifesté le 25 septembre, dénoncent un processus jugé fermé dès l’organisation.
Les vents contraires ont soufflé avant ce mercredi 10 décembre. Le lancement officiel de la concertation nationale s’est finalement tenu avec le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) à la baguette au Centre de conférence international d’Ivato (CCI). Le gouvernement, par l’intermédiaire de la ministre d’Etat chargée de la Refondation Hanitra Razafimanantsoa, a défendu le choix du FFKM malgré les critiques. « Nous remercions le FFKM d’avoir accepté le mandat de diriger la concertation nationale. Ce n’est pas une affaire du FFKM mais bien une affaire d’État », souligne-t-elle. Dans son discours, elle insiste sur la volonté d’inclusivité qui doit, selon elle, guider l’ensemble du processus non sans adresser un clin d’œil à la jeunesse, qualifiée de « pilier de la refondation voulue ».
Une position appuyée par le président du FFKM Monseigneur Jean de Dieu Raoelison, qui se veut rassurant. « Nous ne sommes pas ici pour prendre des décisions à votre place », lance-t-il en promettant une démarche inclusive et transparente où les idées de chacun seraient prises en compte. « Madagascar n’appartient pas au FFKM mais à la population. La responsabilité incombe à tous », déclare-t-il.
L’ombre de Rajoelina
Si la cérémonie appelait à l’apaisement, le message peine à convaincre. Au même moment, à Mahamasina, des associations de jeunes issues du mouvement du 25 septembre dont la Gen Z Madagasikara, dénoncent un processus qu’elles jugent biaisé dès le départ. Elles exigent une inclusivité dans l’organisation, et pas seulement dans la participation. Leur défiance vise notamment l’impartialité du FFKM. Les prises de parole étaient marquées par des discours hostiles envers les anciens tenants du pouvoir, et par la crainte d’un scénario déjà vu. Pour ces jeunes, la situation actuelle serait la somme des médiations précédentes du FFKM, et l’ombre de Rajoelina planerait toujours.
Mardi, le collectif du mouvement Génération Z a uni sa voix à la société civile pour réclamer l’élaboration d’une charte de la transition et d’une feuille de route avant la concertation proprement dite. Des représentants de la société civile sont venus assister à la cérémonie à Ivato mais a rappelé leur revendication par une banderole à la sortie du CCI. Prudent, le ministre de la Communication et porte parole du gouvernement Gascar Fenosoa Mandrindrarivony, s’est entretenu directement avec eux. « Nous ne sommes pas encore dans la transition », leur a-t-il lancé tout en affirmant que le gouvernement reste ouvert aux discussions.
La cérémonie a également été marquée par des absences notables. Le président de la Refondation, le colonel Michael Randrianirina, n’était pas présent. Les anciens présidents Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina étaient eux aussi absents, même si leur non-venue a été moins commentée. L’événement a tout de même rassemblé des responsables politiques, des syndicalistes et des représentants d’autres confessions religieuses. Les élus du parti de l’ancien président Andry Rajoelina ont également fait le déplacement avec le carton d’invitation de ce dernier entre les mains.
Malgré les déclarations d’ouverture et les promesses de transparence, la concertation nationale débute dans un climat de méfiance. Entre une jeunesse mobilisée, une société civile vigilante et des acteurs politiques en arrière-plan, le FFKM devra convaincre que le processus qu’il conduit peut réellement répondre aux aspirations de la refondation.
Tolotra Andrianalizah


