Et si la solution était ailleurs ? La manifestation des vendeurs de rue de ce lundi ramène au problème de l’incapacité de la machine économique à générer de l’emploi.

Avec un taux de chômage officiel relativement bas mais un sous-emploi massif, une grande partie de la population malgache trouve refuge dans le secteur informel. C’est bien connu. Le secteur informel représenterait près de 90 % des emplois à Madagascar. Un chiffre qui traduit l’incapacité des entreprises et des structures économiques à générer suffisamment d’emplois décents. Dans ces conditions, la vente à la sauvette devient une nécessité plutôt qu’un choix dans les grandes villes de l’île. Il s’agit d’une alternative pour des milliers de personnes qui, faute d’opportunités dans le secteur formel, improvisent un commerce sur les trottoirs. Antananarivo en est la parfaite illustration. Ces dernières années, le phénomène des vendeurs de rue grandit à vue d’œil. La capitale voit ses trottoirs disparaître sous une marée de vendeurs ambulants à l’image de Behoririka ou le cas échéant, le long du magasin Super U, près de … l’Hôtel de ville.

Si ce commerce permet à des familles de survivre, il engendre des problèmes devenus chroniques pour une ville meurtrie, entre une occupation anarchique de l’espace public et une insalubrité folklorique. En face, les autorités locales tentent d’imposer un semblant de régulation privilégiant la relocalisation des vendeurs dans des marchés dédiées, parfois de nouvelles infrastructures comme le marché à étage de Behoririka, devenu finalement un éléphant blanc car déserté par les principaux intéressés. Ces tentatives se heurtent souvent à une forte résistance comme ce jour. Les vendeurs refusent de quitter des emplacements qu’ils considèrent stratégiques. « Le rôle de la commune est d’organiser la ville », lance la maire Harilala Ramanantsoa après la manifestation des vendeurs de rue. Mais le problème dépasse largement le cadre de la commune. L’investissement privé reste limité, la pauvreté dans les zones rurales persiste, et les politiques publiques peinent à freiner la tendance à la paupérisation.

Réduire le phénomène des vendeurs de rue à une question de prise de possession des trottoirs serait non seulement trop simpliste, mais aussi déconnecté des réalités économiques et sociales sous-jacentes. Se contenter de solutions symptomatiques sans s’attaquer au fond du problème risquerait de maintenir une partie de la population dans une précarité chronique.

Tolotra Andrianalizah